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:: RPs
Des notes égrenées dans un tourne disque branlant qui grinçait parfois sa mauvaise facture ouvraient la vue sur deux pièces enchâssées l’une dans l’autre. Une pagaille, un fouillis hantait les lieu, mêlant papiers et vêtement répartis en tas épars pour laisser un chemin. La, une plante dormait dans son pot, jouissant de cette langueur passive qui semblait habiter tout l’appartement. Se baladait dans des vêtements empruntés aux années 70, pour le moins bigarrés, le maître de maison qui s’agitait tel un esprit frappeur. Il faisait valser notes et tissus de vigoureux mouvements, ce qui n’améliorait rien à l’état du capharnaüm.
Il jura, et comme il était décidément tout seul, il jura une seconde fois. Parfois il aurait rêvé que Lux en plus de le faire parvenir sur sa terre, nettoie la poisse dans laquelle il trempait depuis trop longtemps. Un félin feula, dérangé dans la sieste bien plaisante dans laquelle il était plongé.
“Tu peux être énervé Fafo, mais moi aussi je suis énervé et c’est vraiment pour une raison plus grave que se faire réveiller d’une sieste”
Emir était renfrogné et regarda le chat noir qui était aussi renfrogné et il soupira profondément.
“On fait la paix parce que je n’aime pas être en de mauvais termes avec quelqu’un. Maintenant fais de la place, je dois retrouver mon carnet”
Ce carnet qui était le fruit de ses trois derniers mois d’efforts. Son chef d’oeuvre. Sa pièce. C’était un petit livret avec une couverture noire rigide, dans lequel il y avait des inscriptions de son écriture ronde et irrégulière. Sur la première page on pouvait lire simplement :
Le contenu n’était pas des plus longs mais c’était une première et il avait planché autant dessus que pour trouver un lieu susceptible de l'accueillir.
Il fit tomber un cadre, auquel il tenait car il représentait une ville avec un pont immense a son abord. Qui était Mostar, selon la description qu’il avait donné a l’artiste auteur de l’oeuvre. Sa ville natale telle qu’elle fut dans ses yeux d’enfant. Le bosniaque remonta le tableau, pour ensuite s’installer sur son large sofa, las. Il en était au point d’abandon.
“J’ai tout retourné depuis ce matin, alors c’est bon c’est que je l’ai perdu n’est ce pas ? J’ai plus qu’a tout recommencer.”
Le chaton le regarda interrogateur, presque. Emir lui fit signe d’approcher. L’animal vint renifler la main tendue et au final réconforter son humain qui sentait le désarroi. Cela aidait au moins au niveau émotionnel.
“Tu ne dois pas vraiment comprendre ce que je dis. Je devrais arrêter de te parler mais ça devient addictif a force. Au moins j’ai l’impression d’être moins seul.”
Il jura, et comme il était décidément tout seul, il jura une seconde fois. Parfois il aurait rêvé que Lux en plus de le faire parvenir sur sa terre, nettoie la poisse dans laquelle il trempait depuis trop longtemps. Un félin feula, dérangé dans la sieste bien plaisante dans laquelle il était plongé.
“Tu peux être énervé Fafo, mais moi aussi je suis énervé et c’est vraiment pour une raison plus grave que se faire réveiller d’une sieste”
Emir était renfrogné et regarda le chat noir qui était aussi renfrogné et il soupira profondément.
“On fait la paix parce que je n’aime pas être en de mauvais termes avec quelqu’un. Maintenant fais de la place, je dois retrouver mon carnet”
Ce carnet qui était le fruit de ses trois derniers mois d’efforts. Son chef d’oeuvre. Sa pièce. C’était un petit livret avec une couverture noire rigide, dans lequel il y avait des inscriptions de son écriture ronde et irrégulière. Sur la première page on pouvait lire simplement :
“Les insatisfaits
Comédie
Emir”
Comédie
Emir”
Le contenu n’était pas des plus longs mais c’était une première et il avait planché autant dessus que pour trouver un lieu susceptible de l'accueillir.
Il fit tomber un cadre, auquel il tenait car il représentait une ville avec un pont immense a son abord. Qui était Mostar, selon la description qu’il avait donné a l’artiste auteur de l’oeuvre. Sa ville natale telle qu’elle fut dans ses yeux d’enfant. Le bosniaque remonta le tableau, pour ensuite s’installer sur son large sofa, las. Il en était au point d’abandon.
“J’ai tout retourné depuis ce matin, alors c’est bon c’est que je l’ai perdu n’est ce pas ? J’ai plus qu’a tout recommencer.”
Le chaton le regarda interrogateur, presque. Emir lui fit signe d’approcher. L’animal vint renifler la main tendue et au final réconforter son humain qui sentait le désarroi. Cela aidait au moins au niveau émotionnel.
“Tu ne dois pas vraiment comprendre ce que je dis. Je devrais arrêter de te parler mais ça devient addictif a force. Au moins j’ai l’impression d’être moins seul.”
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APARTE Ou l'on laisse traîner ses affaires. |
Le temps s'était mollement étiré, au commissariat, et écrasés sous la chaleur, les policiers avaient fonctionné toute la journée en économie d'énergie. Rien d'important n'était venu troubler les travaux administratifs sous les ventilateurs, si ce n'était une ou deux blagues vaseuses (c'étaient des droits, après tout, pas des membres du cercle du bon goût en toutes circonstances) et quelques plaintes minimes qui attendraient le lendemain.
C'était donc détendue que Butch sortait du travail, avec, sous son bras, un bien étrange ouvrage. Quelqu'un de bien attentionné avait aimablement rapporté un petit carnet repli d'écritures manuscrites au poste de police, et le propriétaire dudit carnet s'était donné la peine de signer la première page. Et si elle n'était pas la seule chez les Droits à connaître Emir et si elle n'était la seule à l'apprécier: elle avait largement le temps de passer lui rendre l'objet en question. Cela lui fournissait en plus une interaction sociale agréable avant de rentrer chez elle, auprès de l'accordéoniste qu'elle n'avait pas vu depuis quelques temps, et elle était globalement assez contente d'exister en battant le pavé du quartier moderne, le nez planté au ciel derrière ses verres fumés. Le temps était doux, et le sentiment du futur devoir accompli l'était aussi.
Arrivée à l'adresse qu'elle avait récupéré dans les archives après un passage d'Emir au poste, elle se contenta de pousser la porte et montra les escaliers quatre a quatre vers sa destination, et prit le temps avant de toquer à la porte d'ouvrir le petit carnet afin de vérifier, par acquis de conscience, qu'elle ne s'était pas trompée.
"Les Insatisfaits
Comédie
Emir"
Elle ne savait pas qu'il écrivait. Enfin, des comédies. Enfin, elle réalisait surtout qu'elle ne savait pas autant de choses que ce qu'elle aurait aimé de lui. Elle s'éclaircit la gorge, et toqua à la porte.
"Emir, c'est la police!"
Ce n'était toujours pas le cercle du bon goût. Définitivement pas. Soucieuse de ne pas le faire paniquer trop longtemps, Butch reprit.
"Je plaisante, tout va bien. C'est Butch, j'ai quelque chose pour toi."
Avec un sourire relativement satisfait de sa blague, qu'elle trouvait excellente au vu de l'ambiance globale de sa journée, elle attendit, carnet à la main et une expression ravie sur le visage, que l'écrivain lui ouvre.
Il allait être enchanté de la voir, c'était certain.
C'était donc détendue que Butch sortait du travail, avec, sous son bras, un bien étrange ouvrage. Quelqu'un de bien attentionné avait aimablement rapporté un petit carnet repli d'écritures manuscrites au poste de police, et le propriétaire dudit carnet s'était donné la peine de signer la première page. Et si elle n'était pas la seule chez les Droits à connaître Emir et si elle n'était la seule à l'apprécier: elle avait largement le temps de passer lui rendre l'objet en question. Cela lui fournissait en plus une interaction sociale agréable avant de rentrer chez elle, auprès de l'accordéoniste qu'elle n'avait pas vu depuis quelques temps, et elle était globalement assez contente d'exister en battant le pavé du quartier moderne, le nez planté au ciel derrière ses verres fumés. Le temps était doux, et le sentiment du futur devoir accompli l'était aussi.
Arrivée à l'adresse qu'elle avait récupéré dans les archives après un passage d'Emir au poste, elle se contenta de pousser la porte et montra les escaliers quatre a quatre vers sa destination, et prit le temps avant de toquer à la porte d'ouvrir le petit carnet afin de vérifier, par acquis de conscience, qu'elle ne s'était pas trompée.
"Les Insatisfaits
Comédie
Emir"
Elle ne savait pas qu'il écrivait. Enfin, des comédies. Enfin, elle réalisait surtout qu'elle ne savait pas autant de choses que ce qu'elle aurait aimé de lui. Elle s'éclaircit la gorge, et toqua à la porte.
"Emir, c'est la police!"
Ce n'était toujours pas le cercle du bon goût. Définitivement pas. Soucieuse de ne pas le faire paniquer trop longtemps, Butch reprit.
"Je plaisante, tout va bien. C'est Butch, j'ai quelque chose pour toi."
Avec un sourire relativement satisfait de sa blague, qu'elle trouvait excellente au vu de l'ambiance globale de sa journée, elle attendit, carnet à la main et une expression ravie sur le visage, que l'écrivain lui ouvre.
Il allait être enchanté de la voir, c'était certain.
(c) AMIANTE
La police ! Il se leva en sursaut. N’étant pas l’enfant maudit de la statistique pour rien, il imaginait déja son nom retrouvé sur une scène de crime, quelqu’un ayant témoigné le reconnaître dans un braquage, des affaires a lui traînant dans quelque endroit mal famé ou on y performait des exercices illicites… Se connaissait tout cela était possible et le pire était peut être que c’était déja arrivé. Que finalement il porte les cornes du bouc émissaire devant la droiture, pour un enchaînement de circonstances défavorables. Mais il n’avait pas d’aspiration a comparaître de nouveau pour des actes qu’il n’aurait pas commis.
Il s’était donc précipité a la porte et son souffle reprit un rythme normal lorsqu’il s'avèra que ce n’était que Butch et que de surcroît elle avait quelque chose pour lui. Sa porte n’était pas verrouillée, chose que lui même ignorait avant de l’ouvrir. Donc il l’ouvrit. Et devant lui se tenait la grande femme, qui le surplombait efficacement. Rassuré, le sourire lui vint tout naturellement.
”Bonjour Butch. Je suis content de te voir. Tu devrais entrer, je suis désolé pour le désordre par contre. J’aurais rangé si je savais que tu venais. Le sofa doit être utilisable ceci dit. “
Il la laissa entrer dans la pièce principale. Il y avait des objets sur un petit buffet et l’accordéon qui était la prunelle des yeux d’Emir trônait sur une chaise. La cuisine était dégagée comme si elle servait jamais ou peu, mais Emir prenait surtout soin a ne pas laisser traîner de nourriture. Le chat vint faire le tour des jambes de la policière pour s’y frotter, en guise de salutation.
” N’hesite pas a t’installer. Tu veux un café ? Vous les américains vous l’aimez dilué et sans résidu non ? Moi j’aime bien le café turc. Il faut voir si je peux trouver quelque chose d’autre…”
Il remplit une bouilloire pour ensuite sortir une assiette et dégotter des biscuits secs dans une boîte en aluminium. Puis il récupéra quelques fruits de saison pour les poser dans l’assiette et arrangea le tout devant elle. Puis il regarda les chaussures de la dame. L’usage voudrait qu’il lui propose de les retirer et de lui donner a la place des chaussons mais il ignorait si ses coutumes feraient correct au regard d’autres personnes. Au final il abandonna l’idée de lui demander et s’installa en face le temps que la bouilloire chauffe.
”Quel bon vent t’amène ?”
Peut être y avait il en cause la fameuse chose qu’elle avait pour lui mais il ne spéculait pas et se sentait plus détendu. Le chat, a coté, décida d’écouter les humains
Il s’était donc précipité a la porte et son souffle reprit un rythme normal lorsqu’il s'avèra que ce n’était que Butch et que de surcroît elle avait quelque chose pour lui. Sa porte n’était pas verrouillée, chose que lui même ignorait avant de l’ouvrir. Donc il l’ouvrit. Et devant lui se tenait la grande femme, qui le surplombait efficacement. Rassuré, le sourire lui vint tout naturellement.
”Bonjour Butch. Je suis content de te voir. Tu devrais entrer, je suis désolé pour le désordre par contre. J’aurais rangé si je savais que tu venais. Le sofa doit être utilisable ceci dit. “
Il la laissa entrer dans la pièce principale. Il y avait des objets sur un petit buffet et l’accordéon qui était la prunelle des yeux d’Emir trônait sur une chaise. La cuisine était dégagée comme si elle servait jamais ou peu, mais Emir prenait surtout soin a ne pas laisser traîner de nourriture. Le chat vint faire le tour des jambes de la policière pour s’y frotter, en guise de salutation.
” N’hesite pas a t’installer. Tu veux un café ? Vous les américains vous l’aimez dilué et sans résidu non ? Moi j’aime bien le café turc. Il faut voir si je peux trouver quelque chose d’autre…”
Il remplit une bouilloire pour ensuite sortir une assiette et dégotter des biscuits secs dans une boîte en aluminium. Puis il récupéra quelques fruits de saison pour les poser dans l’assiette et arrangea le tout devant elle. Puis il regarda les chaussures de la dame. L’usage voudrait qu’il lui propose de les retirer et de lui donner a la place des chaussons mais il ignorait si ses coutumes feraient correct au regard d’autres personnes. Au final il abandonna l’idée de lui demander et s’installa en face le temps que la bouilloire chauffe.
”Quel bon vent t’amène ?”
Peut être y avait il en cause la fameuse chose qu’elle avait pour lui mais il ne spéculait pas et se sentait plus détendu. Le chat, a coté, décida d’écouter les humains
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APARTE Ou l'on laisse traîner ses affaires. |
Emir était venu lui ouvrir, et il avait l'air d'aller bien, selon Butch pour qui un sourire était un signe de bien-être et qui se posait assez peu de questions dans l'ensemble. Elle lui fit un petit signe de main amical, et jeta un coup d'oeil dans l'appartement, qui, s'il était bien rempli, ne semblait pas être en désordre outre mesure selon ses critères à elle. Si il était vrai que le sien était un peu millimétré dans son organisation, elle tolérait dans une certaine mesure les environnements encombrés chez les autres: la faute à son travail de bureau, probablement.
"Je devrais m'excuser de ne pas avoir prévenu, plutôt! Mais les oiseaux au poste étaient tous pris aujourd'hui. Les journées administratives, tu sais ce que c'est."
Alors qu'il l'invitait à entrer, Butch regarda le sol et observa le petit chat qui se frottait contre ses jambes. Il était très mignon, et elle était assez peu surprise de voir Emir s'entourer d'une petite bête dans ce genre. Elle s'accroupit, lui fit renifler sa main, et une fois que le chat eut l'air d'apprécier son odeur, elle le prit dans ses bras et lui grattouilla la tête.
"Il est adorable. Comment il s'appelle?"
Butch s'assit dans le sofa, le chat dans les bras, et regarda Emir évoluer dans son environnement. Elle leva un sourcil intéressé à la mention de café.
"Je veux bien goûter ton café turc. T'embête pas à faire autre chose pour moi."
Il semblait s'affairer pour sortir un plateau de friandises, et Butch n'eut pas le coeur de lui dire que ce n'était pas nécessaire, d'autant que les fruits avaient l'air fameux. Le chat, comme s'il avait lu dans ses pensées, se débattit un peu et trotta en direction de son maître.
Il était vraiment très très mignon.
Emir la fit sortir de ses pensées en demandant le pourquoi du comment de sa visite. Butch secoua la tête, et dégaina l'objet qui l'avait amenée ici.
"On est passés nous déposer ça au poste tout à l'heure. J'ai pas lu ce qu'il y avait dedans, mais il est à ton nom, donc je me suis dit que je viendrais le déposer."
Il n'était pas nécessaire de s'étendre sur la capacité d'Emir a déplacer et perdre les objets. Cependant, Butch restait curieuse de ce que contenait l'ouvrage.
"J'ignorais que tu écrivais. Ca fait longtemps?"
"Je devrais m'excuser de ne pas avoir prévenu, plutôt! Mais les oiseaux au poste étaient tous pris aujourd'hui. Les journées administratives, tu sais ce que c'est."
Alors qu'il l'invitait à entrer, Butch regarda le sol et observa le petit chat qui se frottait contre ses jambes. Il était très mignon, et elle était assez peu surprise de voir Emir s'entourer d'une petite bête dans ce genre. Elle s'accroupit, lui fit renifler sa main, et une fois que le chat eut l'air d'apprécier son odeur, elle le prit dans ses bras et lui grattouilla la tête.
"Il est adorable. Comment il s'appelle?"
Butch s'assit dans le sofa, le chat dans les bras, et regarda Emir évoluer dans son environnement. Elle leva un sourcil intéressé à la mention de café.
"Je veux bien goûter ton café turc. T'embête pas à faire autre chose pour moi."
Il semblait s'affairer pour sortir un plateau de friandises, et Butch n'eut pas le coeur de lui dire que ce n'était pas nécessaire, d'autant que les fruits avaient l'air fameux. Le chat, comme s'il avait lu dans ses pensées, se débattit un peu et trotta en direction de son maître.
Il était vraiment très très mignon.
Emir la fit sortir de ses pensées en demandant le pourquoi du comment de sa visite. Butch secoua la tête, et dégaina l'objet qui l'avait amenée ici.
"On est passés nous déposer ça au poste tout à l'heure. J'ai pas lu ce qu'il y avait dedans, mais il est à ton nom, donc je me suis dit que je viendrais le déposer."
Il n'était pas nécessaire de s'étendre sur la capacité d'Emir a déplacer et perdre les objets. Cependant, Butch restait curieuse de ce que contenait l'ouvrage.
"J'ignorais que tu écrivais. Ca fait longtemps?"
(c) AMIANTE
Si elle voulait du café a sa facon a lui, nul besoin d’attendre la bouilloire. Il se leva, sortir la džezva et remplir la petite casserole de café moulu et de sucre. L’eau qui n’avait pas vraiment bouilli fut versée dans la petite casserole en laiton pour qu’elle continue à chauffer. Dans le même temps il alla arrêter la vague musique qui continuait de jouer dans un coin, tout en prenant son temps pour répondre. Selon son référentiel personnel, il semblait qu’il était soudain très actif.
”La porte t'est toujours ouverte, pas besoin de prévenir. Je disais ca pour toi, je ne voulais pas que tu te sentes dérangée dans mon bazar.”
En vérité il y avait chez Emir des sons et des odeurs, un arrangement, une ambiance qui invitait au confort. Ce n’était du a aucune richesse, du a aucun mobilier de qualité, c’était simplement que cet espace était un nid dans lequel son propriétaire voulait pouvoir s’occuper de méditer et de réfléchir en paix, un endroit ou en somme le temps coulait lentement. Le chat rejoignit son maître, une fois échappé des bras de la policière, venant chercher les caresses de ces mains un peu noueuses aux ongles mal entretenus. Le bosnien se baissa un peu vers le félin pour le prendre avec attention.
”Il s’appelle Fafo. Enfin je l’appelle comme ça mais l’idée de base c’était Francis Ford Coppola comme le réalisateur. Je suis d’accord qu’il était adorable. Il était seul et moi aussi j’étais seul, alors je me suis dit qu’on gagnerait à vivre sous le même toit”
Il sourit et le chat semblait apprécier l’endroit ou il se situait. Mais il eu vite a redescendre car le café semblait prêt. Servi dans deux tasses d’émail, il avait une fragrance riche, signe qu’une partie du budget d’Emir devait passer dans l’acquisition de ce produit, et a la surface on y voyait comme une petite mousse. Une tasse fut posée devant Butch, il prit la seconde, toutefois sans boire immédiatement.
”Il ne faut pas boire tout de suite, il faut attendre que le marc tombe un peu au fond de la tasse.”
Emir observa ce carnet, ramené miraculeusement devant lui et a vrai dire cela se voyait que non seulement il ne s’y attendait pas, mais en plus cela semblait quasiment un miracle de se le faire ramener.
”Butch, que Allah te bénisse. C’est le travail de plusieurs mois, tu n’imagine pas a quel point j’ai désespéré de l’avoir perdu.”
Il l’observa, l’ouvrit, tourna les pages, vérifia que rien ne manquait, et finalement prit une gorgée de café.
”Il s’agit d’une pièce comique en deux actes, j’ai envie de la faire jouer. Ca c’est le texte final, corrigé et vérifié mais je n’ai aucune copie. Je ne t’en ai sans doute pas informé mais en ce moment je vise a me reconvertir dans le théâtre comme le cinéma reste une option impossible. Les deux sont assez loin l’un de l’autre mais ce que j’aime c’est raconter des histoires et transmettre des émotions. ”
Fafo vint s’assoir de lui même sur ses genoux puisqu’il était de nouveau assis.
”Pour le synopsis principal, il s’agit de deux Lumières, présent sur Lux depuis longtemps et qui estiment avoir fait le tour de la vie ici. Ils s’estiment insatisfaits de leur immortalité. Et la a la sortie de la mairie ils croisent un nouvel arrivant. Ils le harcèlent de questions sur la Terre, vu qu’ils ont oublié comment c’est et ils décident qu’ils vont tout faire pour redescendre. Voilà dans les grandes lignes. Je suppose que ce sera mieux joué que raconté quoi qu’il en soit...”
”La porte t'est toujours ouverte, pas besoin de prévenir. Je disais ca pour toi, je ne voulais pas que tu te sentes dérangée dans mon bazar.”
En vérité il y avait chez Emir des sons et des odeurs, un arrangement, une ambiance qui invitait au confort. Ce n’était du a aucune richesse, du a aucun mobilier de qualité, c’était simplement que cet espace était un nid dans lequel son propriétaire voulait pouvoir s’occuper de méditer et de réfléchir en paix, un endroit ou en somme le temps coulait lentement. Le chat rejoignit son maître, une fois échappé des bras de la policière, venant chercher les caresses de ces mains un peu noueuses aux ongles mal entretenus. Le bosnien se baissa un peu vers le félin pour le prendre avec attention.
”Il s’appelle Fafo. Enfin je l’appelle comme ça mais l’idée de base c’était Francis Ford Coppola comme le réalisateur. Je suis d’accord qu’il était adorable. Il était seul et moi aussi j’étais seul, alors je me suis dit qu’on gagnerait à vivre sous le même toit”
Il sourit et le chat semblait apprécier l’endroit ou il se situait. Mais il eu vite a redescendre car le café semblait prêt. Servi dans deux tasses d’émail, il avait une fragrance riche, signe qu’une partie du budget d’Emir devait passer dans l’acquisition de ce produit, et a la surface on y voyait comme une petite mousse. Une tasse fut posée devant Butch, il prit la seconde, toutefois sans boire immédiatement.
”Il ne faut pas boire tout de suite, il faut attendre que le marc tombe un peu au fond de la tasse.”
Emir observa ce carnet, ramené miraculeusement devant lui et a vrai dire cela se voyait que non seulement il ne s’y attendait pas, mais en plus cela semblait quasiment un miracle de se le faire ramener.
”Butch, que Allah te bénisse. C’est le travail de plusieurs mois, tu n’imagine pas a quel point j’ai désespéré de l’avoir perdu.”
Il l’observa, l’ouvrit, tourna les pages, vérifia que rien ne manquait, et finalement prit une gorgée de café.
”Il s’agit d’une pièce comique en deux actes, j’ai envie de la faire jouer. Ca c’est le texte final, corrigé et vérifié mais je n’ai aucune copie. Je ne t’en ai sans doute pas informé mais en ce moment je vise a me reconvertir dans le théâtre comme le cinéma reste une option impossible. Les deux sont assez loin l’un de l’autre mais ce que j’aime c’est raconter des histoires et transmettre des émotions. ”
Fafo vint s’assoir de lui même sur ses genoux puisqu’il était de nouveau assis.
”Pour le synopsis principal, il s’agit de deux Lumières, présent sur Lux depuis longtemps et qui estiment avoir fait le tour de la vie ici. Ils s’estiment insatisfaits de leur immortalité. Et la a la sortie de la mairie ils croisent un nouvel arrivant. Ils le harcèlent de questions sur la Terre, vu qu’ils ont oublié comment c’est et ils décident qu’ils vont tout faire pour redescendre. Voilà dans les grandes lignes. Je suppose que ce sera mieux joué que raconté quoi qu’il en soit...”
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APARTE Ou l'on laisse traîner ses affaires. |
Son café avait une drôle de tête, songea Butch en voyant le petit récipient mousseux devant elle. Elle qui était habituée à traîner en longueur le même café coupé à l’eau pendant des heures et à le réchauffer au fur et à mesure, elle était surprise tant par la couleur du breuvage que par son contenant, qui lui semblait extrêmement petit pour se caféïner correctement. Mais elle avait envie de goûter, et retint à grand peine se main lorsqu’Emir lui suggéra d’attendre que le marc se dépose au fond de la tasse. Du marc ? Ils ne filtraient pas leur cafés, par chez lui ? Quelle drôle d’idée, alors que le confort moderne avait permis l’invention du filtre. Mentalement, elle se flagella de cette remarque stupide. Le confort moderne n’était qu’une partie de sa vision à elle, et Lux le lui avait appris : elle avait encore un long chemin à faire, visiblement.
Quoi qu’il en soit, elle sourit en voyant l’expression de son ami s’illuminer. Il avait l’air de beaucoup tenir à cet ouvrage, et elle se félicita de l’avoir ramené elle-même plutôt que d’avoir chargé un gros oiseau du transport. Mais de là à imaginer un travail de plusieurs mois ? Et invoquer le nom d’Allah en personne ? Il avait du y mettre du cœur et probablement une petite partie de son âme pour y être attaché à ce point. Et maintenant, elle était terriblement curieuse de savoir ce que l’ouvrage renfermait.
Tapotant impatiemment l’intérieur de son poignet du bout de ses doigts, et suivant du regard le bienheureux Fafo qui semblait vivre sa meilleure vie de chat, Butch écouta le récit de cette pièce de théâtre en silence, tentant de comprendre au mieux l’idée d’Emir et ce qu’il pourrait bien vouloir véhiculer avec ce texte. Un sourire un poil amer s’esquissa sur son visage, comme par réflexe à chaque fois que les mots « retourner sur Terre » étaient prononcés. Si elle pouvait…
Si elle avait pu, plutôt. Maintenant, c’était un peu tard. Tout devait avoir changé. Karin lavait probablement oubliée, comme le peuple New-Yorkais avait dû oublier les avions fracassant les deux tours majestueuses dans lesquelles elle se trouvait l’époque. Il y avait un mémorial, maintenant. Probablement avec son nom dessus. Quelle pensée déplaisante.
Mais ce n’était pas rendre hommage ni justice au travail d’Emir que de plaquer sa propre situation sur ses textes d’office. Butch secoua la tête pour chasser les pensées-parasites et se reconcentra sur le propos de base.
« J’ignorais réellement que tu écrivais du théatre. Si tu trouves des acteurs, n’oublie pas de m’envoyer une invitation. Je serais contente de venir voir ton œuvre jouée sur scène. »
Emir était maladroit et un peu décalé, probablement. Mais elle savait qu’il était loin d’être idiot, et qu’autant de travail ne pouvait que donner un résultat final qualitatif.
« Et l’idée est bien. Même si ça risque de remuer gentiment les pensées de tout le monde. Mais ça devrait plaire, je pense. Et puis…. »
Elle regarda la tasse de café, qui lui faisait envie finalement.
« Je crois que ce genre de propos, ça nous concerne tous, non ? Comment exister sereinement sans mourir, en sachant que tout ce qu’on a connu est en train de s’effriter de l’autre coté du miroir ? Comme en plus on meurt pas… »
Butch se gratta le menton.
« Le propos est un peu sombre. Désolée. Mais c’est universel, pour Lux, je crois ? »
La réalisation brutale.
« Ou alors c’est que moi. Je sais pas. J’en sais rien. Tu crois que c’est bon pour le café, ou je manque cruellement de patience ? »
Quoi qu’il en soit, elle sourit en voyant l’expression de son ami s’illuminer. Il avait l’air de beaucoup tenir à cet ouvrage, et elle se félicita de l’avoir ramené elle-même plutôt que d’avoir chargé un gros oiseau du transport. Mais de là à imaginer un travail de plusieurs mois ? Et invoquer le nom d’Allah en personne ? Il avait du y mettre du cœur et probablement une petite partie de son âme pour y être attaché à ce point. Et maintenant, elle était terriblement curieuse de savoir ce que l’ouvrage renfermait.
Tapotant impatiemment l’intérieur de son poignet du bout de ses doigts, et suivant du regard le bienheureux Fafo qui semblait vivre sa meilleure vie de chat, Butch écouta le récit de cette pièce de théâtre en silence, tentant de comprendre au mieux l’idée d’Emir et ce qu’il pourrait bien vouloir véhiculer avec ce texte. Un sourire un poil amer s’esquissa sur son visage, comme par réflexe à chaque fois que les mots « retourner sur Terre » étaient prononcés. Si elle pouvait…
Si elle avait pu, plutôt. Maintenant, c’était un peu tard. Tout devait avoir changé. Karin lavait probablement oubliée, comme le peuple New-Yorkais avait dû oublier les avions fracassant les deux tours majestueuses dans lesquelles elle se trouvait l’époque. Il y avait un mémorial, maintenant. Probablement avec son nom dessus. Quelle pensée déplaisante.
Mais ce n’était pas rendre hommage ni justice au travail d’Emir que de plaquer sa propre situation sur ses textes d’office. Butch secoua la tête pour chasser les pensées-parasites et se reconcentra sur le propos de base.
« J’ignorais réellement que tu écrivais du théatre. Si tu trouves des acteurs, n’oublie pas de m’envoyer une invitation. Je serais contente de venir voir ton œuvre jouée sur scène. »
Emir était maladroit et un peu décalé, probablement. Mais elle savait qu’il était loin d’être idiot, et qu’autant de travail ne pouvait que donner un résultat final qualitatif.
« Et l’idée est bien. Même si ça risque de remuer gentiment les pensées de tout le monde. Mais ça devrait plaire, je pense. Et puis…. »
Elle regarda la tasse de café, qui lui faisait envie finalement.
« Je crois que ce genre de propos, ça nous concerne tous, non ? Comment exister sereinement sans mourir, en sachant que tout ce qu’on a connu est en train de s’effriter de l’autre coté du miroir ? Comme en plus on meurt pas… »
Butch se gratta le menton.
« Le propos est un peu sombre. Désolée. Mais c’est universel, pour Lux, je crois ? »
La réalisation brutale.
« Ou alors c’est que moi. Je sais pas. J’en sais rien. Tu crois que c’est bon pour le café, ou je manque cruellement de patience ? »
(c) AMIANTE
Il y’a avait dans ce café et dans son odeur quelque chose chose de vraiment familier et rassurant. Un café c’était avant souvent bien plus qu’une boisson. C’était un lien entre les gens, c’était un héritage que les ottomans avaient laissé dans les balkans en partant. Et pour Emir, c’était des souvenirs, beaucoup de souvenirs.
“ C’est bon pour le café.”
Ils parlaient de sujets davantage graves, mais finalement, n’était ce pas le plus important ? Le lien que le café tissait entre les gens, qui s’asseyaient pendant de longues heures sur les sofas, a profiter du cours et du déroulement de la vie. Puis il ajouta, juste peut être pour la faire entrer dans son mystérieux folklore d’europe de l’est :
”Ensuite si tu veux bien, je pourrais lire ton avenir dans le marc de café, dans ta tasse. Je ne le fais pas aussi bien que le faisait ma soeur, mais peut être que ses quelques cours ont suffit”
Sa soeur. Qui savait qu’elle n’était plus vivante à part ces rares personnes auquel il se livrait ? Il parlait de tout, de son passé comme si il était à portée de main, comme si il avait juste déménagé, comme si tout s’était déroulé sans aucune coupure. Et qui savait lire sur les trait d’Emir qu’il pensait difficilement a Esma sans voir du sang sur ses mains ?
”Moi c’est ce que j’aime dans le fait de raconter des histoires, parler des choses difficiles, et les tourner en dérision en quelque sorte. Faire perdre de la force au grand monstre qui nous hante. Par le rire. Certains grinceront peut être des dents. Mon père c’était comme ca qu’il nous expliquait qu’on aurait des difficultés avec l’argent. Avec des histoires amusantes. L’humour c’est un peu l’arme de l’humanité contre le malheur...”
Il ne répondait un peu a rien et a tout et peut être se parlait il un peu a lui même en même temps. Mais il continua avec des gestes de la main soulignant ses paroles.
’’L’important c’est de se sentir concerné et de voir quelles leçons on en tire, ou alors de s’indigner du fait qu’on essaye de nous donner des leçons’’
Il rit, a cette pensée.
”Quoi qu’il en soit je trouverais des acteurs, je porterais le projet la ou il se doit d’arriver. C’est certain. Je met mon énergie dedans j’ai vraiment besoin de ca tu sais, d’enfin pouvoir raconter quelque chose. Mon domaine d’origine c’était le cinéma. Mais c’est impossible ici. J’adore le cinéma, c’était vraiment une grosse perte pour moi. Enfin il y’a l’aspect de réalisation d’une histoire qui existe dans le théâtre ce qui est vraiment l’essentiel. J’ai beaucoup écrit avant Lux, surtout des courts métrages et il m’a fallu très longtemps pour m’y remettre.”
Toute cette tirade fut dite très vite, comme en apnée, comme pour essayer d'éviter d’avoir a faire face a un quelconque jugement. qui ne viendrait pas. Il récupéra a manger et il but, faisant une pause momentanée de parole. Puis, avec comme une moue.
”A propos d’exister sereinement sans savoir, je t’avoue que j’ai appris que la guerre était finie, il y’a un moment maintenant et je suis plutôt soulagé. Mais j’aurais aimé savoir comment vont mes parents. J’aurais aimé leur dire “Je ne suis pas mort, soyez heureux, je vais très bien”. Peut être qu’ils vont voir ma tombe en pleurant...”
Il y avait quelque chose d'infiniment douloureux dans la voix d’Emir, mais il ne pleurait pas. Pas une larme. Et sa voix ne se brisait pas. Il semblait comme contrôler cette zone de vide,cette zone de trou noir, et c’était sans doute de là qu’il puisait le matériel pour son art. Butch ne savait peut etre pas a quelle guerre il faisait allusion mais elle pouvait très certainement le déduire, sachant d'où il venait. Les journaux en avaient parlé, à l’époque.
”Cette histoire je veux que ce soit un peu la mienne, un peu celle de tout le monde et qu’on puisse tous en rire ensemble, au final.”
“ C’est bon pour le café.”
Ils parlaient de sujets davantage graves, mais finalement, n’était ce pas le plus important ? Le lien que le café tissait entre les gens, qui s’asseyaient pendant de longues heures sur les sofas, a profiter du cours et du déroulement de la vie. Puis il ajouta, juste peut être pour la faire entrer dans son mystérieux folklore d’europe de l’est :
”Ensuite si tu veux bien, je pourrais lire ton avenir dans le marc de café, dans ta tasse. Je ne le fais pas aussi bien que le faisait ma soeur, mais peut être que ses quelques cours ont suffit”
Sa soeur. Qui savait qu’elle n’était plus vivante à part ces rares personnes auquel il se livrait ? Il parlait de tout, de son passé comme si il était à portée de main, comme si il avait juste déménagé, comme si tout s’était déroulé sans aucune coupure. Et qui savait lire sur les trait d’Emir qu’il pensait difficilement a Esma sans voir du sang sur ses mains ?
”Moi c’est ce que j’aime dans le fait de raconter des histoires, parler des choses difficiles, et les tourner en dérision en quelque sorte. Faire perdre de la force au grand monstre qui nous hante. Par le rire. Certains grinceront peut être des dents. Mon père c’était comme ca qu’il nous expliquait qu’on aurait des difficultés avec l’argent. Avec des histoires amusantes. L’humour c’est un peu l’arme de l’humanité contre le malheur...”
Il ne répondait un peu a rien et a tout et peut être se parlait il un peu a lui même en même temps. Mais il continua avec des gestes de la main soulignant ses paroles.
’’L’important c’est de se sentir concerné et de voir quelles leçons on en tire, ou alors de s’indigner du fait qu’on essaye de nous donner des leçons’’
Il rit, a cette pensée.
”Quoi qu’il en soit je trouverais des acteurs, je porterais le projet la ou il se doit d’arriver. C’est certain. Je met mon énergie dedans j’ai vraiment besoin de ca tu sais, d’enfin pouvoir raconter quelque chose. Mon domaine d’origine c’était le cinéma. Mais c’est impossible ici. J’adore le cinéma, c’était vraiment une grosse perte pour moi. Enfin il y’a l’aspect de réalisation d’une histoire qui existe dans le théâtre ce qui est vraiment l’essentiel. J’ai beaucoup écrit avant Lux, surtout des courts métrages et il m’a fallu très longtemps pour m’y remettre.”
Toute cette tirade fut dite très vite, comme en apnée, comme pour essayer d'éviter d’avoir a faire face a un quelconque jugement. qui ne viendrait pas. Il récupéra a manger et il but, faisant une pause momentanée de parole. Puis, avec comme une moue.
”A propos d’exister sereinement sans savoir, je t’avoue que j’ai appris que la guerre était finie, il y’a un moment maintenant et je suis plutôt soulagé. Mais j’aurais aimé savoir comment vont mes parents. J’aurais aimé leur dire “Je ne suis pas mort, soyez heureux, je vais très bien”. Peut être qu’ils vont voir ma tombe en pleurant...”
Il y avait quelque chose d'infiniment douloureux dans la voix d’Emir, mais il ne pleurait pas. Pas une larme. Et sa voix ne se brisait pas. Il semblait comme contrôler cette zone de vide,cette zone de trou noir, et c’était sans doute de là qu’il puisait le matériel pour son art. Butch ne savait peut etre pas a quelle guerre il faisait allusion mais elle pouvait très certainement le déduire, sachant d'où il venait. Les journaux en avaient parlé, à l’époque.
”Cette histoire je veux que ce soit un peu la mienne, un peu celle de tout le monde et qu’on puisse tous en rire ensemble, au final.”
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APARTE Ou l'on laisse traîner ses affaires. |
Butch regarda son café d’un air circonspect. On ne le filtrait pas, alors ? Bon. C’était le moment de goûter, et de ne pas orienter le petit godet trop rapidement pour ne pas finir avec les dents mouchetées de noir et un café plein de sédiments. Alors qu’elle portait la tasse à ses lèvres, Emir lui proposa de lui lire l’avenir dans le marc de café, et la policière grinça des dents mentalement. Elle n’avait jamais été portée sur le mystique, ni sur le surnaturel (alors qu’elle vivait désormais à Lux), et elle faisait assez peu confiance à ce genre de pratiques et à un tas d’autres. Astrologie, cartomancie, les boules de cristal, elle fourrait tout ça dans la même catégorie de choses dont elle ne s’approchait pas et qui n’intéressaient que Karin. Butch avait plutôt besoin de concret, quand à elle, et lorsqu’on lui montrait des traces de marc de café, elle voyait du marc de café et s’arrêtait là.
Elle allait donc assez logiquement s’apprêter à refuser lorsqu’elle entendit la mention de la sœur d’Emir. Ah. Elle ne savait pas exactement dans quelles circonstances il l’avait laissée derrière elle, ni même si elle était toujours en vie, mais ça avait l’air important. Surtout pour qu’il l’évoque. Avec un demi-sourire, Butch acquiesca alors, contre toute attente. Elle connaissait de toutes façons la lueur d’Emir. Elle ne craignait rien, ni de voir son aveir révélé devant ses yeux alors que selon elle, elle n’en avait plus depuis longtemps, ni de se faire hautement escroquer par un individu mal intentionné.
« D’accord. Tu me montreras. »
Elle finit par voire une gorgée de ce fameux café, et le trouva bon, mais terriblement étrange au vu de ce qu’elle-même qualifiait de café. Comme quoi, le choc des cultures…
L’humour, arme de l’humanité contre le malheur. Butch acquiesca sans trop savoir ce qu’elle en pensait elle-même. C’était important de rire. Mais le rire ne changeait pas grand-chose. Ce qui changeait, c’était la lutte, si elle s’écoutait réellement. Se battre durement, et savourer chacun des petits acquis en attendant le grand soir ou le malheur disparaitrait enfin. Mais est-ce qu’elle avait seulement raison dans ce qu’elle avançait ? Elle n’en avait finalement pas la moindre idée, et la position d’Emir lui semblait de plus en plus valable au fur et à mesure de la conversation.
« C’est bien que tu le fasses. On manque de gens qui prennent moins au sérieux ce qui nous arrive à tous. »
Elle-même prenait ceci probablement trop au sérieux. Un rictus s’afficha sur son visage à l’évocation de l’indignation des gens.
« Essaye de ne pas vexer tout le monde non plus. Je n’ai que deux bras pour intervenir si on veut te casser la gueule en fin de spectacle. »
Un petit rire s’était échappé. Elle n’était pas réellement sérieuse, et elle voyait mal Emir déchaîner une foule en colère avec ses écrits. Dans le pire des cas, il vexerait quelques mondains, et ça leur ferait les pieds.
« C’est bien que tu trouves une autre manière de produire ton art. Si jamais quelqu’un se débrouille pour refaire de l’électricité pour charger des trucs, j’ai un vieux téléphone si tu veux. Ils ont bien changé, depuis, et on est loin d’une qualité cinéma, mais il fait les prises de son et des petites vidéos. Si ça peut aider. »
Le cinéma manquait à Butch. L’ambiance des salles obscures, les gros sièges, le pop corn et les couleurs crachées sur la toile. Elle n’avait jamais réalisé à quel point elle aimait ça avant de ne plus y avoir accès. Comme beaucoup de choses.
Ele se tut alors qu’Emir parlait de sa famille. De la guerre. Elle savait, mais ne l’avait pas vue. Et elle ne pouvait qu’imaginer l’horreur de la chose. L’abomination de la chose, et les souffrances qu’il avait du endurer. Et cette histoire de tombe….
Butch prit un fruit, pour meubler, et regarda fixement au loin, refusant de voir Emir. Est-ce que tout le monde allait bien ? Est-ce qu’on pensait encore à elle ?
« Je pense que ça marchera. »
Un silence.
« C’est bien que la guerre se soit arrêtée chez toi. »
C’était creux. Elle serra un peu la pèche, et lèca précipitamment le jus qui s’en était écoulé avant de prendre une serviette en papier. Elle était nerveuse.
« Tu sais…. »
Butch s’essuya consciencieusement les mains.
« Ma tombe est au beau milieu de New York. Ils y ont fait des fontaines, de ce que j’ai compris. Des grands trous, avec des noms autour. C’est rempli de touristes. »
Et elle détestait cette idée-là. Son regard s’était durci.
« Et ils se sont servis de ça pour relancer des guerres. On faisait un bon prétexte pour aller récupérer du pétrole. Enfin, tu connais les Etats-Unis. »
Butch regardait fixement le sol, à présent, et détachait les morceaux de pèche du noyau avec méticulosité.
« J’espère que les tiens se portent bien. »
Les siens…
Ils l’avaient trahie, probablement. Ils l’avaient trahie trente fois en acceptant que son nom soit commémoré là-bas. En acceptant la suite des évènements sans broncher.
Peut-être pas Karin.
Mais elle ne le saurait jamais.
Elle allait donc assez logiquement s’apprêter à refuser lorsqu’elle entendit la mention de la sœur d’Emir. Ah. Elle ne savait pas exactement dans quelles circonstances il l’avait laissée derrière elle, ni même si elle était toujours en vie, mais ça avait l’air important. Surtout pour qu’il l’évoque. Avec un demi-sourire, Butch acquiesca alors, contre toute attente. Elle connaissait de toutes façons la lueur d’Emir. Elle ne craignait rien, ni de voir son aveir révélé devant ses yeux alors que selon elle, elle n’en avait plus depuis longtemps, ni de se faire hautement escroquer par un individu mal intentionné.
« D’accord. Tu me montreras. »
Elle finit par voire une gorgée de ce fameux café, et le trouva bon, mais terriblement étrange au vu de ce qu’elle-même qualifiait de café. Comme quoi, le choc des cultures…
L’humour, arme de l’humanité contre le malheur. Butch acquiesca sans trop savoir ce qu’elle en pensait elle-même. C’était important de rire. Mais le rire ne changeait pas grand-chose. Ce qui changeait, c’était la lutte, si elle s’écoutait réellement. Se battre durement, et savourer chacun des petits acquis en attendant le grand soir ou le malheur disparaitrait enfin. Mais est-ce qu’elle avait seulement raison dans ce qu’elle avançait ? Elle n’en avait finalement pas la moindre idée, et la position d’Emir lui semblait de plus en plus valable au fur et à mesure de la conversation.
« C’est bien que tu le fasses. On manque de gens qui prennent moins au sérieux ce qui nous arrive à tous. »
Elle-même prenait ceci probablement trop au sérieux. Un rictus s’afficha sur son visage à l’évocation de l’indignation des gens.
« Essaye de ne pas vexer tout le monde non plus. Je n’ai que deux bras pour intervenir si on veut te casser la gueule en fin de spectacle. »
Un petit rire s’était échappé. Elle n’était pas réellement sérieuse, et elle voyait mal Emir déchaîner une foule en colère avec ses écrits. Dans le pire des cas, il vexerait quelques mondains, et ça leur ferait les pieds.
« C’est bien que tu trouves une autre manière de produire ton art. Si jamais quelqu’un se débrouille pour refaire de l’électricité pour charger des trucs, j’ai un vieux téléphone si tu veux. Ils ont bien changé, depuis, et on est loin d’une qualité cinéma, mais il fait les prises de son et des petites vidéos. Si ça peut aider. »
Le cinéma manquait à Butch. L’ambiance des salles obscures, les gros sièges, le pop corn et les couleurs crachées sur la toile. Elle n’avait jamais réalisé à quel point elle aimait ça avant de ne plus y avoir accès. Comme beaucoup de choses.
Ele se tut alors qu’Emir parlait de sa famille. De la guerre. Elle savait, mais ne l’avait pas vue. Et elle ne pouvait qu’imaginer l’horreur de la chose. L’abomination de la chose, et les souffrances qu’il avait du endurer. Et cette histoire de tombe….
Butch prit un fruit, pour meubler, et regarda fixement au loin, refusant de voir Emir. Est-ce que tout le monde allait bien ? Est-ce qu’on pensait encore à elle ?
« Je pense que ça marchera. »
Un silence.
« C’est bien que la guerre se soit arrêtée chez toi. »
C’était creux. Elle serra un peu la pèche, et lèca précipitamment le jus qui s’en était écoulé avant de prendre une serviette en papier. Elle était nerveuse.
« Tu sais…. »
Butch s’essuya consciencieusement les mains.
« Ma tombe est au beau milieu de New York. Ils y ont fait des fontaines, de ce que j’ai compris. Des grands trous, avec des noms autour. C’est rempli de touristes. »
Et elle détestait cette idée-là. Son regard s’était durci.
« Et ils se sont servis de ça pour relancer des guerres. On faisait un bon prétexte pour aller récupérer du pétrole. Enfin, tu connais les Etats-Unis. »
Butch regardait fixement le sol, à présent, et détachait les morceaux de pèche du noyau avec méticulosité.
« J’espère que les tiens se portent bien. »
Les siens…
Ils l’avaient trahie, probablement. Ils l’avaient trahie trente fois en acceptant que son nom soit commémoré là-bas. En acceptant la suite des évènements sans broncher.
Peut-être pas Karin.
Mais elle ne le saurait jamais.
(c) AMIANTE
”Tu sais que honnetement je prefere me faire tabasser que de provoquer un gros conflit. ”
Difficile de savoir si c’était ou non une blague. Mais il était revenu à un état serein quoi qu’il en était. Quand Fafo décida de descendre se promener de nouveau il saisit un objet traînant la pour occuper ses mains.
”Un téléphone qui fait des vidéos ? Ah oui tu viens du futur… Enfin du futur par rapport à moi. C’est toujours vraiment bizarre de se dire ca. J’aurais pas cru ça possible. Ce sera avec plaisir le jour ou on trouvera une solution pour l'électricité.”
Ca l’étonnait assez parce qu’il ne connaissait le futur terrestre que par bribes. Il la regarda prendre un fruit et réfléchir, rentrant sans doute elle même dans ce noyau sombre qui faisait qu’elle était la aujourd’hui. Il acquiesça quand elle dit que ca marchera. Il avait conscience que cette dimension de l’humour contre le malheur était surtout propre à lui, et a l’endroit ou il avait grandi. Mais si elle même disait que ca valait le coup…
Emir écouta. Avec toute l’écoute qu’il avait a sa disposition. Il était concentré et pensait a elle, pas a lui, exclusivement.
”Alors tu sais ce qu’il est advenu de ta mémoire… Je suis désolé qu’il s’en soient servir pour ca, surtout pour les guerres...”
Sa voix flancha légèrement sur le dernier mot, peut être dans l’effort de ne pas penser.
”Je sais que les américains sont hypocrites. Je pense que les miens ont fini par en rire, eux aussi...”
Puis comme un souvenir s’imposait a lui, il se sentit obligé de raconter. Il alla chercher une cigarette pour l’allumer, pour calmer cette vieille tension qui renaissait. Elles étaient vraiment meilleures que les Drina, pensait il en soufflant un peu de fumée. C’était encore la seule chose qui le calmait efficacement quand il abordait ce sujet. Il laissa le paquet sur la table, a l’attention de Butch si elle voulait.
”Les américains voulaient nous envoyer une aide soi disant humanitaire, alors ils nous ont fait parvenir des boites de conserves de viande. Une partie périmée depuis 20 ans et une autre faite a base de porc. Ou peut etre les deux en même temps je ne me souviens plus vraiment”
Emir eut une sorte de rire nerveux.
”Du porc pour des musulmans, c’est vraiment ironique. Nous, on y touchait pas.. En vérité on avait surtout besoin d’armes et de bien d’autres choses, donc leur aide finalement, n’a pas été très concluante. Pour mes proches je ne sais pas. Aucune personne a Lux n’est venue de la région où j’habitais, personne n’aurait su dire si il y a encore des membres de la famille Hodzic en vie a Mostar. ”
Il ne pensait pas se livrer autant mais il avait vraiment du mal à ne pas penser. Et il savait que quand il commencait à penser il valait mieux pour lui de sortir tout ça d’une façon ou d’une autre.
”Mon frère et ma soeur sont morts. Je… j’ai...”
Il essaya de faire des signes avec ses mains pour expliquer mais il ne parvient pas a décrire les images, a parler de ce ressenti terrible. Ca s’arreta la. Le bosnien ne pleurait toujours pas. C’était aussi une preuve de faiblesse. De pleurer. Pour lui du moins. Il voyait et entendait ses souvenirs, mais tout restait la, dans sa tete a lui. Il se massa un peu les bras, regarda sur le côté. Il y avait quelque chose en lui qui avait moins cette énergie habituelle de Emir un peu drôle et attendrissante, et plus réellement l’homme de la cinquantaine, qui avait vécu et qui avait une science des choses que d’autres n’auraient jamais.
Respiration. Il regarda de nouveau vers Butch, contenu en quelque sorte dans lui même.
”Je pense que j’aurais peut être besoin d’en parler, mais je n’y arrive pas vraiment.”[/color]
Difficile de savoir si c’était ou non une blague. Mais il était revenu à un état serein quoi qu’il en était. Quand Fafo décida de descendre se promener de nouveau il saisit un objet traînant la pour occuper ses mains.
”Un téléphone qui fait des vidéos ? Ah oui tu viens du futur… Enfin du futur par rapport à moi. C’est toujours vraiment bizarre de se dire ca. J’aurais pas cru ça possible. Ce sera avec plaisir le jour ou on trouvera une solution pour l'électricité.”
Ca l’étonnait assez parce qu’il ne connaissait le futur terrestre que par bribes. Il la regarda prendre un fruit et réfléchir, rentrant sans doute elle même dans ce noyau sombre qui faisait qu’elle était la aujourd’hui. Il acquiesça quand elle dit que ca marchera. Il avait conscience que cette dimension de l’humour contre le malheur était surtout propre à lui, et a l’endroit ou il avait grandi. Mais si elle même disait que ca valait le coup…
Emir écouta. Avec toute l’écoute qu’il avait a sa disposition. Il était concentré et pensait a elle, pas a lui, exclusivement.
”Alors tu sais ce qu’il est advenu de ta mémoire… Je suis désolé qu’il s’en soient servir pour ca, surtout pour les guerres...”
Sa voix flancha légèrement sur le dernier mot, peut être dans l’effort de ne pas penser.
”Je sais que les américains sont hypocrites. Je pense que les miens ont fini par en rire, eux aussi...”
Puis comme un souvenir s’imposait a lui, il se sentit obligé de raconter. Il alla chercher une cigarette pour l’allumer, pour calmer cette vieille tension qui renaissait. Elles étaient vraiment meilleures que les Drina, pensait il en soufflant un peu de fumée. C’était encore la seule chose qui le calmait efficacement quand il abordait ce sujet. Il laissa le paquet sur la table, a l’attention de Butch si elle voulait.
”Les américains voulaient nous envoyer une aide soi disant humanitaire, alors ils nous ont fait parvenir des boites de conserves de viande. Une partie périmée depuis 20 ans et une autre faite a base de porc. Ou peut etre les deux en même temps je ne me souviens plus vraiment”
Emir eut une sorte de rire nerveux.
”Du porc pour des musulmans, c’est vraiment ironique. Nous, on y touchait pas.. En vérité on avait surtout besoin d’armes et de bien d’autres choses, donc leur aide finalement, n’a pas été très concluante. Pour mes proches je ne sais pas. Aucune personne a Lux n’est venue de la région où j’habitais, personne n’aurait su dire si il y a encore des membres de la famille Hodzic en vie a Mostar. ”
Il ne pensait pas se livrer autant mais il avait vraiment du mal à ne pas penser. Et il savait que quand il commencait à penser il valait mieux pour lui de sortir tout ça d’une façon ou d’une autre.
”Mon frère et ma soeur sont morts. Je… j’ai...”
Il essaya de faire des signes avec ses mains pour expliquer mais il ne parvient pas a décrire les images, a parler de ce ressenti terrible. Ca s’arreta la. Le bosnien ne pleurait toujours pas. C’était aussi une preuve de faiblesse. De pleurer. Pour lui du moins. Il voyait et entendait ses souvenirs, mais tout restait la, dans sa tete a lui. Il se massa un peu les bras, regarda sur le côté. Il y avait quelque chose en lui qui avait moins cette énergie habituelle de Emir un peu drôle et attendrissante, et plus réellement l’homme de la cinquantaine, qui avait vécu et qui avait une science des choses que d’autres n’auraient jamais.
Respiration. Il regarda de nouveau vers Butch, contenu en quelque sorte dans lui même.
”Je pense que j’aurais peut être besoin d’en parler, mais je n’y arrive pas vraiment.”[/color]
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