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Luka avait repris une routine où elle ne pensait plus sans cesse à sa vie sur terre. Elle essayait tant bien que de mal de se forger une nouvelle identité, d’oublier ses démons du passé. Le visage de Romy revenait souvent, surtout la nuit, mais Luka allait mieux – pour l’instant. Depuis qu’elle été retournée chez les Roublards, elle avait un peu moins l’impression de jouer un rôle qui ne lui allait pas. La vie sauvage lui manquait terriblement, mais avec la chute des températures, elle était bien contente d’avoir un endroit où elle pouvait être chaud facilement.
La nuit commençait lentement à tomber sur Lux, alors que les derniers rayons du soleil chatouillaient certaines vieilles bâtisses. Luka, les bras chargés de cartons remplis d’objets récupérés en donation, avançait péniblement dans l’Orphelinat. Elle esquivait les enfants qui jouaient et lui tournaient autour, tout en tentant de ne pas chuter. Peut-être n’aurait-elle pas dû prendre autant de cartons d’un seul coup ? D’un autre côté, les bénévoles se faisaient de plus en plus rare et Luka n’avait pas envie de faire plusieurs allers-retours… Alors elle continua son avancée à l’aveugle, priant pour arriver entière jusqu’à la salle où ils stockaient les dons avant le tri.
Évidemment, arrivée au niveau des escaliers, Luka dû se résoudre à l’évidence : elle allait tomber ou tout faire tomber. Elle s’arrêta un instant et fit une équation mentale. Est-ce qu’il valait mieux faire plusieurs allers-retours dans les escaliers pour ne pas risquer la chute ou bien devait-elle tenter le tout pour le tout et descendre à l’aveugle ? Personne ne trainait dans les escaliers à cette heure-là… Il y avait peu de chance qu’elle tombe…
Une voix la tira soudainement de ses pensées, la faisant sursauter plus que raison. Un léger cri étouffé plus tard, tous les cartons chutèrent dans les escaliers. Voilà qui réglait bien le problème… Luka détourna le regard pour le poser sur la personne qui lui avait parlé et fit un sourire gênant.
« Pardon, désolée, oui ? Je- Ah, salut Anna ! »
Anna était l’une des bénévoles les plus récurrentes de l’orphelinat. Elles ne s’étaient jamais parlé beaucoup mais Luka l’appréciait. Elle était là souvent, les enfants l’adoraient et elle était toujours avenante, ce qui était plus que la plupart des gens que Luka aurait pu croiser le soir dans un couloir désert...
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Anna souffla un coup. Elle venait enfin de finir sa journée à la prison- encore une journée pleine de visages qu’elle avait vu mille fois et qu’elle reverra sûrement un autre millier de fois. Etait-ce réellement utile de venir tous les jours en sachant que la moitié à qui elle donnait des conseils, des plans, reviendrait le mois suivant ? Elle aimait son travail, certes, mais c’était quelque peu décourageant. Elle devait continuer d’essayer, un jour, ses conseils prodigueraient l’effet escompté. Avec un nouveau maire, on verrait peut-être une avancée. Il ferait diminuer la pauvreté par quelques pourcents, réduisant la probabilité qu’un roublard se tourne vers le crime pour finir ses fins de mois. Oui, c’est bien la pauvreté, le problème, Anna en était convaincue.
Elle s’était réfugiée vers l’orphelinat. Sa seconde maison, comme elle aimait l’appeler. Tellement d’espoir contenu entre ces murs, mais lui-même avait un problème d’argent. La population ignorait ce sac de joie et d’espérance, mais Anna gardait quand même de la foi dans son coeur. On s’en rendrait compte un jour ou l’autre. En attendant, elle continuait d’aider, d’investir de son temps dans les activités avec les enfants, leur donner des perspectives d’avenir pour ceux qui grandiront un jour ou bien de les aider à se débrouiller sans l’aide des dons.
Après sa séance habituelle de cours, elle aperçut Luka traverser le bâtiment au loin. La jeune femme était chargée comme une mule et progressait avec un peu de difficulté. La vieille-jeune couturière n’avait de plus aucune idée du contenu de ces boîtes : auraient-ils pu être des jouets en plastique assez légers ou des centaines de vêtements bourrés pour profiter de la place ? Il y avait une grande différence en poids. Anna avait peur qu’elle laisse tout tomber, ou qu’elle se blesse, ou qu’elle casse le contenu. Donc elle poursuivit à la maison pour la rattraper … ou bien rattraper les choses tombant au sol.
Elles arrivèrent vers la partie des marches vers le deuxième étage. C’était terriblement dangereux. L’allemande n’eut pas le temps de l’arrêter avant qu’elle ne s’y engage. A la place, elle ne fit que l’appeler :
« Mademoiselle ! Faîtes atten- »
Un grand fracas retentit à travers le couloir.
Tous les cartons s’étaient retrouvés au sol ou bien éparpillés dans les marches. Anna ferma les yeux et fit la grimace.
« Pardon, désolée, oui ? Je- Ah, salut Anna ! » répondit nerveusement la raison de cet accident.
Voilà ce qui arrive quand on arrive trop tard, pensa Anna. Ce n’était pas grave. Elle n’avait rien entendu casser. Il ne devait rien avoir de grave. Elle avait l’habitude.
Elle commença à s’abaisser pour ramasser les boîtes tombées sur le sol.
« Oh pardon, je t’ai fait peur ? Voyons, je vais t’aider à porter tout cela. Il ne faut pas se travailler comme ça, le soir, surtout en ce moment avec ces histoires de vote et de batailles entre Cercles … Mon Dieu, que c’est épuisant de suivre tout ce qui se passe ! Heureusement que les enfants ne parlent pas de cela en plus. C’est reposant. »
Elle ne pouvait pas s’empêcher, elle se mettait à bavarder. Dans sa tête, cela ferait oublier à l’autre ce qui venait de se passer. Juste aider et accommoder sa camarade. Certes, sa discussion n’était que du vent qu’elle ressassait dans sa banque de données mentale- elle ne connaissait quasiment pas son interlocutrice.
Elle prit une, deux boîtes restées au sol. Cela lui paraissait déjà lourd. Puis elle se mit à s’avancer.
Elle s’était réfugiée vers l’orphelinat. Sa seconde maison, comme elle aimait l’appeler. Tellement d’espoir contenu entre ces murs, mais lui-même avait un problème d’argent. La population ignorait ce sac de joie et d’espérance, mais Anna gardait quand même de la foi dans son coeur. On s’en rendrait compte un jour ou l’autre. En attendant, elle continuait d’aider, d’investir de son temps dans les activités avec les enfants, leur donner des perspectives d’avenir pour ceux qui grandiront un jour ou bien de les aider à se débrouiller sans l’aide des dons.
Après sa séance habituelle de cours, elle aperçut Luka traverser le bâtiment au loin. La jeune femme était chargée comme une mule et progressait avec un peu de difficulté. La vieille-jeune couturière n’avait de plus aucune idée du contenu de ces boîtes : auraient-ils pu être des jouets en plastique assez légers ou des centaines de vêtements bourrés pour profiter de la place ? Il y avait une grande différence en poids. Anna avait peur qu’elle laisse tout tomber, ou qu’elle se blesse, ou qu’elle casse le contenu. Donc elle poursuivit à la maison pour la rattraper … ou bien rattraper les choses tombant au sol.
Elles arrivèrent vers la partie des marches vers le deuxième étage. C’était terriblement dangereux. L’allemande n’eut pas le temps de l’arrêter avant qu’elle ne s’y engage. A la place, elle ne fit que l’appeler :
« Mademoiselle ! Faîtes atten- »
Un grand fracas retentit à travers le couloir.
Tous les cartons s’étaient retrouvés au sol ou bien éparpillés dans les marches. Anna ferma les yeux et fit la grimace.
« Pardon, désolée, oui ? Je- Ah, salut Anna ! » répondit nerveusement la raison de cet accident.
Voilà ce qui arrive quand on arrive trop tard, pensa Anna. Ce n’était pas grave. Elle n’avait rien entendu casser. Il ne devait rien avoir de grave. Elle avait l’habitude.
Elle commença à s’abaisser pour ramasser les boîtes tombées sur le sol.
« Oh pardon, je t’ai fait peur ? Voyons, je vais t’aider à porter tout cela. Il ne faut pas se travailler comme ça, le soir, surtout en ce moment avec ces histoires de vote et de batailles entre Cercles … Mon Dieu, que c’est épuisant de suivre tout ce qui se passe ! Heureusement que les enfants ne parlent pas de cela en plus. C’est reposant. »
Elle ne pouvait pas s’empêcher, elle se mettait à bavarder. Dans sa tête, cela ferait oublier à l’autre ce qui venait de se passer. Juste aider et accommoder sa camarade. Certes, sa discussion n’était que du vent qu’elle ressassait dans sa banque de données mentale- elle ne connaissait quasiment pas son interlocutrice.
Elle prit une, deux boîtes restées au sol. Cela lui paraissait déjà lourd. Puis elle se mit à s’avancer.
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Anna s’abaissa presque immédiatement pour ramasser les cartons que Luka avait lâchement fait tomber. Plutôt gênée par cette situation cocasse, la Roublarde se mordit la lèvre et commença à empiler ce qu’elle trouvait.
« Oh pardon, je t’ai fait peur ? Voyons, je vais t’aider à porter tout cela. Il ne faut pas se travailler comme ça, le soir, surtout en ce moment avec ces histoires de vote et de batailles entre Cercles … Mon Dieu, que c’est épuisant de suivre tout ce qui se passe ! Heureusement que les enfants ne parlent pas de cela en plus. C’est reposant. »
Anna avait toujours eu cette capacité à parler beaucoup plus que raison. Normalement, cela mettait mal à l’aise Luka qui ne savait jamais trop quoi répondre aux gens, surtout quand elle ne les connaissait pas plus que ça. Mais Anna… Anna avait toujours eu cette espèce d’aura apaisante. Luka se retrouvait même à sourire pour rien, alors que les propos mentionnés par la jeune femme n’avaient rien d’amusant. Elle se ressaisit rapidement et continua d’empiler ce qui traînait à côté de l’escalier.
Quand Luka se redressa, Anna portait deux cartons dans ses bras. Luka s’empressa de les lui prendre des mains avec un sourire gêné.
« Non, ne t’embête pas avec ça, je vais le ramasser. Mes bêtises, mes affaires, tout ça. Puis tu peux laisser ça sur la pile là, y’a sûrement un million de cartons tombés dans les escaliers, je voudrais pas que tu tombes à cause de moi ! »
Luka secoua la tête, sans laisser le temps à Anna de rajouter quelque chose. La Roublarde pivota sur elle-même pour déposer les cartons sur sa pile et fit de nouveau face à l’autre jeune femme qui continuait de la fixer. Elle ouvrit la bouche mais Luka lui coupa la parole immédiatement.
« Merci de m’avoir aidé mais vraiment t’inquiète pas pour moi, j’ai l’habitude de gérer toute seule. Puis, j’aime bien travailler le soir, c’est plus… calme. En général. Sauf quand je fais tout tomber… Enfin bon… »
Luka secoua la tête et fit un sourire timide avant de tourner le dos à Anna et d’allumer la faible lumière des escaliers. Elle ne voyait même pas le bout de ces derniers mais déjà des cartons s’y trouvaient çà et là. Luka dû se faire violence pour ne pas soupirer de désarroi. Comme quoi son pire ennemi n’avait rien à voir avec les cercles puisque c’était elle-même…
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« Non, ne t’embête pas avec ça, je vais le ramasser. Mes bêtises, mes affaires, tout ça. Puis tu peux laisser ça sur la pile là, y’a sûrement un million de cartons tombés dans les escaliers, je voudrais pas que tu tombes à cause de moi ! »
Anna plissa les paupières. Elle ne se sentait pas embêtée ; au contraire, elle se sentait plus embêtée de ne pas pouvoir porter ces cartons de 3 tonnes que de devoir les supporter de ses bras faibles. Elle regarda la jeune fille reformer sa pile si dangereuse à ses yeux. Elle avait beau prétendre que ce serait sa collègue qui tomberait dans les marches, elle n’était pas à l’abri de s’y blesser non plus ! Elle allait répliquer tout ces bons arguments en un grand paragraphe sur la jeunesse de nos jours et il-faut-se-laisser-un-peu-aider … Mais elle se fit couper avant d’avoir pu souffler ne serait-ce qu’un mot :
« Merci de m’avoir aidé mais vraiment t’inquiète pas pour moi, j’ai l’habitude de gérer toute seule. Puis, j’aime bien travailler le soir, c’est plus… calme. En général. Sauf quand je fais tout tomber… Enfin bon… »
Anna se fichait qu’elle se « débrouillait seule » normalement. Là, maintenant, elle voulait aider sa camarade car elle venait de se mettre dans un sacré pétrin. C’était juste une question de conscience. Et puis, elle venait de prouver elle-même qu’elle ne pouvait pas « gérer » la situation. Mais en même temps, elle devinait que Luka ne voulait pas qu’elle reste ici. Elle essayait de la faire partir, en disant que tout allait bien. Il lui fallait une stratégie, vite ! Elle réfléchit pendant que l’autre était partie derrière elle, je ne sais où ; elle remarqua à peine que la pièce s’était d’un coup éclaircie dans un petit tintement . Un bruit sourd d’électricité bon marché commença à remplir la salle. Le regard concentré, elle finit par s’avancer dans cet escalier qui donnait de l’inquiétude à l’une et l’autre.
« Si je ne peux pas tomber dans ces escaliers, je peux au moins déblayer ton chemin. Oui, je sais, tu ne veux pas, mais laisse-moi au moins faire ça, non ? Sinon je me sentirais trop mal, laisser une pauvre fille se mettre en danger car elle aurait oublié un carton- mon dieu, mon dieu, l’horreur ! Et si je te retrouvais dans une heure assommée en bas ? Oh non, je ne puis pas l’imaginer, c’est trop, laisse-moi « m’embêter » voyons ! »
Oui, elle avait complètement oublié la notion de « calme », elle l’avoue. En fait, elle l’avait complètement ignoré – tout le monde aime parler, n’est-ce pas, elle ne fait que se voiler la face, un bon discours ça fait toujours du bien. Elle souleva une de ses boîtes – plus légères que les deux précédentes- qui traînait sur les premières marches. Elle ne se laisserait pas déloger de cet escalier, sauf pour redescendre ces cartons.
Anna plissa les paupières. Elle ne se sentait pas embêtée ; au contraire, elle se sentait plus embêtée de ne pas pouvoir porter ces cartons de 3 tonnes que de devoir les supporter de ses bras faibles. Elle regarda la jeune fille reformer sa pile si dangereuse à ses yeux. Elle avait beau prétendre que ce serait sa collègue qui tomberait dans les marches, elle n’était pas à l’abri de s’y blesser non plus ! Elle allait répliquer tout ces bons arguments en un grand paragraphe sur la jeunesse de nos jours et il-faut-se-laisser-un-peu-aider … Mais elle se fit couper avant d’avoir pu souffler ne serait-ce qu’un mot :
« Merci de m’avoir aidé mais vraiment t’inquiète pas pour moi, j’ai l’habitude de gérer toute seule. Puis, j’aime bien travailler le soir, c’est plus… calme. En général. Sauf quand je fais tout tomber… Enfin bon… »
Anna se fichait qu’elle se « débrouillait seule » normalement. Là, maintenant, elle voulait aider sa camarade car elle venait de se mettre dans un sacré pétrin. C’était juste une question de conscience. Et puis, elle venait de prouver elle-même qu’elle ne pouvait pas « gérer » la situation. Mais en même temps, elle devinait que Luka ne voulait pas qu’elle reste ici. Elle essayait de la faire partir, en disant que tout allait bien. Il lui fallait une stratégie, vite ! Elle réfléchit pendant que l’autre était partie derrière elle, je ne sais où ; elle remarqua à peine que la pièce s’était d’un coup éclaircie dans un petit tintement . Un bruit sourd d’électricité bon marché commença à remplir la salle. Le regard concentré, elle finit par s’avancer dans cet escalier qui donnait de l’inquiétude à l’une et l’autre.
« Si je ne peux pas tomber dans ces escaliers, je peux au moins déblayer ton chemin. Oui, je sais, tu ne veux pas, mais laisse-moi au moins faire ça, non ? Sinon je me sentirais trop mal, laisser une pauvre fille se mettre en danger car elle aurait oublié un carton- mon dieu, mon dieu, l’horreur ! Et si je te retrouvais dans une heure assommée en bas ? Oh non, je ne puis pas l’imaginer, c’est trop, laisse-moi « m’embêter » voyons ! »
Oui, elle avait complètement oublié la notion de « calme », elle l’avoue. En fait, elle l’avait complètement ignoré – tout le monde aime parler, n’est-ce pas, elle ne fait que se voiler la face, un bon discours ça fait toujours du bien. Elle souleva une de ses boîtes – plus légères que les deux précédentes- qui traînait sur les premières marches. Elle ne se laisserait pas déloger de cet escalier, sauf pour redescendre ces cartons.
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« Si je ne peux pas tomber dans ces escaliers, je peux au moins déblayer ton chemin. Oui, je sais, tu ne veux pas, mais laisse-moi au moins faire ça, non ? »
Luka secoua les épaules, à moitié convaincue. De toute façon, Anna avait l’air décidé à rester pour l’aider et Luka n’avait plus vraiment d’argument contre, alors elle haussa vaguement les épaules, comme pour indiquer qu’elle avait terminé de se battre. Anna, par contre, n’avait pas fini de parler.
« Sinon je me sentirais trop mal, laisser une pauvre fille se mettre en danger car elle aurait oublié un carton- mon dieu, mon dieu, l’horreur ! Et si je te retrouvais dans une heure assommée en bas ? Oh non, je ne puis pas l’imaginer, c’est trop, laisse-moi « m’embêter » voyons ! »
Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de Luka qui dû se retenir de rire. Anna, en plus de parler beaucoup, se faisait la conversation toute seule et avait une imagination sans limite. La situation, si elle n’était pas si amusante que ça, eu pour effet d’alléger un peu le cœur de Luka. Finalement, elle s’en serait voulu de dire une nouvelle fois non à Anna. Cette dernière semblait réellement inquiète et déterminée – si ce n’était butée – à l’aider. Luka secoua la tête, signe de sa défaite dans cette joute verbale.
« Très bien, tu as gagné cette manche, Anna. Allons-y ! »
Luka commença à descendre les marches, suivie de très près par Anna qui tenait un carton léger entre ses mains. Silencieuses, les deux jeunes filles avançaient prudemment dans l’escalier, s’arrêtant de temps en temps pour que Luka se saisisse de cartons qui traînaient ou qu’elle les repousse afin qu’ils ne dérangent pas leur descente.
Arrivée en bas, Luka lâcha brusquement les trois cartons qu’elle portait en main. Loin d’être lourds – ils contenaient seulement des plaids –, ils s’écrasèrent par terre presque avec légèreté.
« Alors, voyons où ils se rangent… »
Luka regarda autour d’elle, plissant des yeux pour qu’ils s’habituent à l’obscurité puis trouva enfin le petit coin vide où pourraient s’entreposer certains cartons. Tout sourire, elle se tourna en direction d’Anna qui semblait également chercher des yeux un endroit où poser son carton – ou alors elle admirait le sous-sol, Luka n’avait jamais été douée pour comprendre les expressions de visage des autres.
« Tu peux poser ton carton vers le fond, là-bas. On rangera les autres au même endroit, ils seront triés demain. Il est trop tard pour faire ça ce soir, de toute façon. »
Luka s’étira, puis poussa avec son pieds les cartons qu’elle avait laissés tomber par terre quelques instants plus tôt avant de reprendre son ascension. Plus détendue que quelques minutes plus tôt, Luka se mit à monter les marches en arrière pour faire face à Anna.
« Merci, au fait. Même si j’ai l’habitude de faire, euh, les trucs toute seule, c’est toujours sympa d’avoir un peu de compagnie de temps en temps. C’est juste, euh, ça prend du temps de s’habituer à… à tout ça. »
Luka se mordit la lèvre puis tourna le dos à Anna pour continuer de monter les marches dans le bon sens. Peut-être en avait-elle trop dit ? Anna dégageait une aura si bienveillante que Luka avait trouvé naturel de s’ouvrir à elle. Ce n’était certes pas beaucoup mais c’était plus que ce qu’elle avait fait depuis son arrivée sur Lux.
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« Très bien, tu as gagné cette manche, Anna. Allons-y ! »
Enfin ! Une euphorie remplit son coeur – oui, elle avait réussi à convaincre Luka, son inquiétude pouvait partir au placard, elle avait rempli sa mission ! Elle avait pensé que la tâche serait plus hardie, peut-être avec quelque résistance additionnelle ou autre chose de la sorte. Mais c’était aussi bien comme ça.
Elle continua son chemin, mais cette fois avec sa collègue à ses côtés. Anna la regarda parfois ramasser un carton à terre, se demandant bien comment elle pouvait soulever tout cela. Je suis là pour vérifier qu’elle ne tombe pas, se rappela la vielle âme à soi-même.
Une fois arrivée à la fin du long couloir mal éclairé, Luka laissa tomber les boîtes qu’elle portait jusqu’alors- Anna aurait pensé qu’un bruit lourd retentirait dans la petite pièce, mais il n’y eut qu’un « plof » un peu étouffé. Elle ne savait pas si elle devait être déçue ou rassurée.
« Alors, voyons où ils se rangent… »
Par réflexe, la jeune fille examina un peu le sous-sol, malgré qu’elle n’ait aucune expérience dans le rangement. Elle savait arranger, pour sûr, mais sinon, elle ne s’en était jamais occupé réellement. Même chez elle, elle avait peu de choses à ranger. Elle ne possédait pas grand-chose, juste quelque matériel dans une boîte et de la décoration qui n’avait pas changée depuis des centaines d’années.
Et puis, il n’y avait quasiment pas de luminosité pour qu’elle y voit une place qui semblait tellement évidente que les objets y voleraient. Oui, ça, c’est sûr, Anna était plus douée pour les choses semi-abstraites. Parler, par exemple. Elle n’avait pas parlé depuis quelques minutes, cela la frappa soudainement.
Elle sentit le regard de sa camarade sur ses épaules. Elle se retourna.
« Tu peux poser ton carton vers le fond, là-bas. On rangera les autres au même endroit, ils seront triés demain. Il est trop tard pour faire ça ce soir, de toute façon. »
Anna s’empressa de déposer son paquet à l’endroit désigné. C’était un petit vide rempli de poussière, que la conseillère n’aurait pas pu remarquer sans que Luka ne le désigne. Elle le laissa partir de ses mains, sceptique à l’idée qu’autant de choses pourraient tenir dans ce carré minuscule. L’idée du soir tomba sur la tête d’Anna. Sans explication, la fatigue envahit son esprit. La pensée de redescendre autant de choses lui donnait envie de s’asseoir et de s’endormir dans ce sous-sol.
Quand elle revint aux escaliers, Luka avait encore son sourire au lèvres. De ses yeux tombants, elle grimaça en retour.
« Merci, au fait. Même si j’ai l’habitude de faire, euh, les trucs toute seule, c’est toujours sympa d’avoir un peu de compagnie de temps en temps. C’est juste, euh, ça prend du temps de s’habituer à… à tout ça. » dit Luka avant de se retourner, un regard inquiet sur son visage.
Anna en était sûre ! Tout le monde aime être avec des gens. Il fallait juste que sa camarade s’en rende compte. Elle se réjouit grandement de cette nouvelle information, et son esquisse de sourire devint plus étoffée. Elle s’empressa de répondre et de s’avancer plus vite pour rattraper l’autre.
« C’est vrai que c’est un peu difficile au début, je me souviens quand j’étais plus jeune j’avais eu de la peine à m’intégrer et à me trouver un travail, j’ai eu de la chance d’être dans les premiers à arriver, mais ne t’inquiète pas ça va s’arranger ! Il ne faut surtout pas se renfermer sur soi-même, hmhm ! D’ici un ou deux ans, tu n’y penseras m- »
Elle n’avait pas fait très attention, et puis elle n’était pas très adroite ni très résistante. Donc voilà, quand ses pieds décidèrent de s’emmêler, elle s’étala de tout son long sur les marches.
Elle qui parlait de faire attention ! La douleur s’infiltra dans chacun de ses os. Elle avait dû se faire pas mal de bleus sur le long des tibias. Elle commença à se relever précipitamment, finissant quand même sa phrase :
« -même plus. »
Même si elle avait mal, elle se devait de finir son discours de motivation.
Enfin ! Une euphorie remplit son coeur – oui, elle avait réussi à convaincre Luka, son inquiétude pouvait partir au placard, elle avait rempli sa mission ! Elle avait pensé que la tâche serait plus hardie, peut-être avec quelque résistance additionnelle ou autre chose de la sorte. Mais c’était aussi bien comme ça.
Elle continua son chemin, mais cette fois avec sa collègue à ses côtés. Anna la regarda parfois ramasser un carton à terre, se demandant bien comment elle pouvait soulever tout cela. Je suis là pour vérifier qu’elle ne tombe pas, se rappela la vielle âme à soi-même.
Une fois arrivée à la fin du long couloir mal éclairé, Luka laissa tomber les boîtes qu’elle portait jusqu’alors- Anna aurait pensé qu’un bruit lourd retentirait dans la petite pièce, mais il n’y eut qu’un « plof » un peu étouffé. Elle ne savait pas si elle devait être déçue ou rassurée.
« Alors, voyons où ils se rangent… »
Par réflexe, la jeune fille examina un peu le sous-sol, malgré qu’elle n’ait aucune expérience dans le rangement. Elle savait arranger, pour sûr, mais sinon, elle ne s’en était jamais occupé réellement. Même chez elle, elle avait peu de choses à ranger. Elle ne possédait pas grand-chose, juste quelque matériel dans une boîte et de la décoration qui n’avait pas changée depuis des centaines d’années.
Et puis, il n’y avait quasiment pas de luminosité pour qu’elle y voit une place qui semblait tellement évidente que les objets y voleraient. Oui, ça, c’est sûr, Anna était plus douée pour les choses semi-abstraites. Parler, par exemple. Elle n’avait pas parlé depuis quelques minutes, cela la frappa soudainement.
Elle sentit le regard de sa camarade sur ses épaules. Elle se retourna.
« Tu peux poser ton carton vers le fond, là-bas. On rangera les autres au même endroit, ils seront triés demain. Il est trop tard pour faire ça ce soir, de toute façon. »
Anna s’empressa de déposer son paquet à l’endroit désigné. C’était un petit vide rempli de poussière, que la conseillère n’aurait pas pu remarquer sans que Luka ne le désigne. Elle le laissa partir de ses mains, sceptique à l’idée qu’autant de choses pourraient tenir dans ce carré minuscule. L’idée du soir tomba sur la tête d’Anna. Sans explication, la fatigue envahit son esprit. La pensée de redescendre autant de choses lui donnait envie de s’asseoir et de s’endormir dans ce sous-sol.
Quand elle revint aux escaliers, Luka avait encore son sourire au lèvres. De ses yeux tombants, elle grimaça en retour.
« Merci, au fait. Même si j’ai l’habitude de faire, euh, les trucs toute seule, c’est toujours sympa d’avoir un peu de compagnie de temps en temps. C’est juste, euh, ça prend du temps de s’habituer à… à tout ça. » dit Luka avant de se retourner, un regard inquiet sur son visage.
Anna en était sûre ! Tout le monde aime être avec des gens. Il fallait juste que sa camarade s’en rende compte. Elle se réjouit grandement de cette nouvelle information, et son esquisse de sourire devint plus étoffée. Elle s’empressa de répondre et de s’avancer plus vite pour rattraper l’autre.
« C’est vrai que c’est un peu difficile au début, je me souviens quand j’étais plus jeune j’avais eu de la peine à m’intégrer et à me trouver un travail, j’ai eu de la chance d’être dans les premiers à arriver, mais ne t’inquiète pas ça va s’arranger ! Il ne faut surtout pas se renfermer sur soi-même, hmhm ! D’ici un ou deux ans, tu n’y penseras m- »
Elle n’avait pas fait très attention, et puis elle n’était pas très adroite ni très résistante. Donc voilà, quand ses pieds décidèrent de s’emmêler, elle s’étala de tout son long sur les marches.
Elle qui parlait de faire attention ! La douleur s’infiltra dans chacun de ses os. Elle avait dû se faire pas mal de bleus sur le long des tibias. Elle commença à se relever précipitamment, finissant quand même sa phrase :
« -même plus. »
Même si elle avait mal, elle se devait de finir son discours de motivation.
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« C’est vrai que c’est un peu difficile au début, je me souviens quand j’étais plus jeune j’avais eu de la peine à m’intégrer et à me trouver un travail, j’ai eu de la chance d’être dans les premiers à arriver, mais ne t’inquiète pas ça va s’arranger ! Il ne faut surtout pas se renfermer sur soi-même, hmhm ! D’ici un ou deux ans, tu n’y penseras m- »
Luka ne put s’empêcher de sourire durant tout le monologue d’Anna. Comment quelqu’un pouvait-il être aussi optimiste tout le temps ? Luka se surprit même à la croire, à croire ces mots, à se dire que la vie ici n’était pas si terrible et qu’elle apprendrait à oublier celle d’avant. Ce fut ce moment précis où un gros boum se fit entendre. Luka se retourna précipitamment juste à temps pour voir Anna étendue sur les marches. Cette dernière se releva précipitamment comme si de rien n’était.
« -même plus. »
Luka ne savait pas si elle devait rire ou s’inquiéter. La grimace sur le visage d’Anna était réelle et Luka pouvait sentir sa douleur jusqu’ici. Pourtant Anna continuait de lui sourire comme pour appuyer son discours motivationnel, envoyant des ondes positives à chaque respiration. Cette fille n’était pas humaine. Impossible. Luka secoua la tête en fronçait les sourcils.
« Est-ce que ça va ? »
Anna la rassura avec quelques mots et un geste de la main, comme si tout ceci était la routine. Pas rassurée pour autant, Luka continua son ascension dans l’escalier, jetant de temps en temps des petits coups d’œil à Anna. Finalement, une fois en haut, Luka décida de reprendre la parole :
« Peut-être qu’on devrait juste tout entreposer près de la porte et on descendra tout ça demain… »
Joignant le geste à la parole, Luka prit quelques cartons éparpillés et répartit le tout dans des piles basses et moins fragiles qu’avant. Puis, ne pouvant plus tenir, elle fronça les sourcils en regardant Anna.
« T’es sûre que ça va ? »
Pour quelqu’un qui prônait qu’il fallait faire attention, Anna était définitivement maladroite. Luka espérait de tout cœur qu’Anna n’avait rien. Elle s’en voudrait beaucoup trop si ce n’était pas le cas. Qu’elle se blesse elle-même en dormant peu et en faisant des allers-retours tard la nuit dans des escaliers était une chose, qu’elle blesse quelqu’un d’autre en était définitivement une autre.
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