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Rêve - Ft. Alasie
Sam 24 Aoû - 15:25

Et il y a cet air fatigué, souvenir de ce rêve qui a encore bien du mal à quitter son esprit, qui le hante encore de ses volutes fantomatiques, qui dansent encore devant ses yeux et qui le fait encore frissonner. Mais il va quand même travailler, comme il le fait presque tous les jours, afin de s’occuper l’esprit et afin d’oublier un peu ce rêve. Alors il part de chez-lui, après avoir fait une grattouille rapide sur le crâne de son oiseau adoré, qui lui répondra en lui pinçant un doigt puis qui retourna sur son perchoir en hurlant son propre prénom. Parfois Wilfried se demande si Norman comprend ce qu’il dit ou ce qu’il raconte, parfois il est persuadé que c’est bien le cas, parfois il n’en est plus si sûr. Dans ces moments, il se sent terriblement seul, il songe qu’il aimerait avoir un peu de compagnie et il songe que cent-trente ans, ça commence à faire long. Alors il repense à sa sœur et son frère et surtout à Marlène avec laquelle il s’était surpris à imaginer sa vie. Et c’est la mort dans l’âme qui part donc de chez-lui pour rejoindre sa petite boutique dans l’Atelier. A cause de son rêve, à cause de sa solitude, à cause des souvenirs de Marlène qui volettent dans son esprit.

Et il y a le trajet jusqu’à son lieu de travail, sans vraiment d’encombre, c’est un trajet qu’il connaît désormais par cœur. Il s’arrête quelques instants dans une boulangerie, afin de se payer son petit-déjeuner qu’il aura oublié de prendre avant de partir de chez-lui. Parce qu’il est commun qu’il oublie de manger ou qu’il saute consciemment un repas, donc il mange sur le chemin, un printen qu’il sera content de trouver chez un confrère, petite pâtisserie de chez-lui qui ressemble à du pain d’épice. Le moral légèrement remonté par la nourriture, il arrive dans son atelier avec un petit sourire nostalgique. Et il ouvre sa boutique, petite boutique pas bien grande, avec un comptoir et quelques présentoirs, quelques articles en présentation. Wilfried fabrique notamment des chaussures de villes, des Richelieu, des Derby et des Monk, des escarpins, des Oxford, des ballerines, des chaussures compensées. Maintenant, il a appris que les genres se confondent, alors il essaye de suivre les modes et affine certains types de chaussures qui étaient autrefois réservés aux hommes afin qu’ils puissent convenir à la gente féminine. Il travaille le cuir et le daim, plus rarement le tissu et le liège. Il y a également quelques ceintures en exposition, quelques sacs en cuir également. Et ses petits annonces sont collées au comptoir, il donne toujours des oreillers par dizaine. A côté se trouve une petite pancarte, s’excusant par avance pour les potentielles crises de sommeil que Wilfried n’explique toujours pas. Mais il s’en excuse quand même.

Dans l’arrière-boutique se trouve son atelier, là où il façonne ses réalisations, répare les chaussures de ses clients, poinçonne les ceintures, ressoude les sangles des sacs, arrange les coutures. Alors on y trouve de tout. Tout le nécessaire pour travailler le cuir, des tranchets, des planches à découper, des emportes-pièces et patrons en bois, des marteaux et maillets. Du nécessaire à couture, machine manuelle, aiguilles et fil. De quoi travailler le bois aussi, de temps à autres. Dès qu’il arrive, c’est vers cet endroit qu’il se dirige, après avoir récupéré son carnet de commande qu’il garde dans un tiroir du comptoir. Parce que Wilfried note tout ce qu’il doit faire, directement, si jamais il s’endort et il oublie. Et il voit qu’il a des talons d’escarpins à réparer, le renfort à sauter. Alors il s’y met, retrousse les manches de sa chemise crème, réajuste son veston gris. Il travaille une petite heure dans son atelier, sans que la boutique soit ouverte aux clients. Puis ils commencent à arriver, la petite clochette sonne, Wilfried repasse dans la boutique de temps à autres pour les servir. Toujours avec son air fatigué et maladif, toujours avec ses manches retroussé et une serviette sur l’épaule, toujours avec les mains légèrement humides parce qu’il les lave toujours avant de retourner devant. Et ainsi se passe le début de la matinée, jusqu’à environ dix heures, où Wilfried s’occupe l’esprit dans le travail.

Puis il y a la cloche qui sonne.
Et ses yeux qui commencent à piquer quelque peu. Mais il se lève quand même de son atelier où il était occupé à coudre le cuir d’un sac afin d’en ajuster la sangle. Il se lave les mains et retourne dans sa boutique, se frotte les yeux et ravale un bâillement. Il salue la jeune femme qui se tient devant la porte d’un “Bonjour” poli.

- Je peux vous aider ? lui demande-t-il par la suite.
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Alasie
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Re: Rêve - Ft. Alasie
Lun 26 Aoû - 19:11
Alasie avait passé quelques mois en ville, ce qui lui avait fait grandement plaisir ; elle avait eu la joie de revoir certaines personnes qu’elle appréciait, quelques amis, et d’entendre des tonnes de nouvelles histoires à la Taverne. Il se passait tant de choses en ville lorsqu’elle ne s’y trouvait pas ! Pour autant, les montagnes commençaient à lui manquer. C’était encore le lieu dans lequel elle se sentait le mieux. Il était donc bientôt temps d’y retourner pour une période indéfinie. Pour ce faire, cependant, il fallait qu’elle finisse ses préparatifs.

Comme à chaque départ, elle fit le tour de ses vendeurs favoris, ceux qui pouvaient lui fournir quelques denrées non périssables, pour les moments où elle ne trouverait rien à manger, ceux qui pouvaient lui fournir quelques outils dont elle pourrait avoir l’utilité. Elle passa aussi voir son tanneur, puisque sa cape était légèrement abîmée. Elle n’était clairement pas douée pour garder son équipement en bon état, lorsqu’elle se perdait dans la nature.

Presque tous ses préparatifs étaient complets, il ne lui manquait plus qu’à trouver quelques ressources non-essentielles, et à trouver quelqu’un d’apte à faire réparer ses bottes. Elle serait bien allée voir son cordonnier habituel, mais il était absent pour le moment. Un peu déçue, Alasie demanda des renseignements à l’un des confectionneurs qui peuplaient l’Atelier et on lui pointa la direction d’une boutique qui était ouverte.

En poussant la porte, le doux bruit d’une clochette accueilli Alasie avant que le propriétaire des lieux ne se montre. Le pauvre homme n’avait pas l’air d’aller bien. Son regard était fatigué, comme s’il n’avait pas dormi depuis des jours, pourtant, il se tenait là, à proposer son aide à Alasie. Ce devait être une personne impliquée dans son travail, pour ne pas prendre un jour de repos alors qu’il avait l’air aussi fatigué. Peut-être aussi un peu insouciant, il pourrait se blesser s’il ne faisait pas attention. Alasie décida de ne pas le juger, il n’avait peut-être pas le choix. Peut-être ne gagnait-il pas assez pour se permettre un jour de repos. Lui offrant son plus beau sourire, Alasie lui répondit d’une voix assurée.

J’espère ! Mon cordonnier habituel est absent, j’aurais besoin d’une personne capable de renforcer les semelles de mes bottes. Je pars pour les montagnes dans quelques jours, qui sait quand je reviendrais. Est-ce que vous sauriez vous occuper de ce genre de bottes ?

Tout en parlant, Alasie s’était avancée jusqu’au comptoir et avait commencé à sortir une paire de botte fourrées semblant venir d’un autre temps. En vérité elles n’étaient pas si vieilles. Alasie devait les avoir faites faire peu après son arrivée, ce qui leur donnait donc... Plusieurs années. Elle avait oublié, encore. Peu importe. Tout en regardant les bottes, l'homme derrière le comptoir semblait réprimer un bâillement.

Est-ce que vous allez bien ? Si vous le voulez, je peux aller chercher une tasse de café, ça me ferait plaisir, vous avez l’air très fatigué.

Si Alasie avait fait plus attention à son entourage, elle aurait certainement vu la petite pancarte qui mentionnait les crises de sommeil du gérant. Malheureusement, elle ne l’avait pas vu, et ne pouvait donc pas savoir que non, une tasse de café ne réglerait certainement pas le problème du jeune homme.  
Alasie
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Re: Rêve - Ft. Alasie
Mer 28 Aoû - 11:58

Sa cliente lui semble bien jeune.
Mais il a depuis longtemps apprise à ne pas se fier aux apparences ici-bas. Des enfants plus âgés que lui, des vieillards plus jeunes. Alors il essaye de ne plus y faire attention, même si son esprit ne peut s’empêcher de penser qu’elle semble en effet plus jeune que lui. Et il a les yeux qui piquent de plus en plus, il ravale un nouveau bâillement puis il se doute de la suite. Il ne devrait pas tarder à s’endormir. Il connaît les signes avant-coureurs désormais. Alors il s’assoit à son comptoir et en sort son carnet de commande lorsqu’il comprend que la jeune femme n’est pas là pour se renseigner sur les chaussures présentées en vitrine.

- J’espère !  lui répond-elle en sortant des bottes en fourrure. Mon cordonnier habituel est absent, j’aurais besoin d’une personne capable de renforcer les semelles de mes bottes.
- Des mukluks, chuchote-t-il en observant les bottes fourrées.

Il n’a que rarement l’occasion de travailler avec ce genre de chausses.
Evidemment, ce n’est pas le genre de chaussures que l’on retrouve couramment en Allemagne, encore moins à son époque. Puis elle en vient à lui parler de montagnes et d’expédition d’elle ne sait combien de temps. Wilfried fixe les bottes d’un œil curieux tout en notant ces informations. “Mukluks - renfort - semelles” et la date du jour. Il les saisit d’une main pour les examiner rapidement, se rend bien vite compte qu’elles ne sont pas récentes, les semelles sont encore en peau de phoque. Actuellement, la mode est plus à l’utilisation du caoutchouc mais ce n’est pas une matière courant par-ici, donc la peau de phoque, il peut comprendre. Il fronce tout de même les sourcils un court instant en se demandant leur âge, se souvient qu’il n’a souvent l’occasion de voir de telles chaussures mais se dit que leur bon état général devrait lui permettre de travailler tranquillement. Il repère quelques décollements de la semelle, un coup de fil à coudre et il n’y paraîtra plus, mais il doit quand même attention à conserver l’étanchéité de la chaussure.

Il continue de noter les quelques informations qu’il devine en observant les chaussures. Puis il ravale un nouveau bâillement, frotte ses yeux de deux doigts, tente tant bien que mal de garder les paupières ouvertes. La jeune femme en vient même à lui proposer un café, c’est qu’il doit vraiment être dans un état lamentable. Il décline l’offre d’un geste courtois puis retourne le nez dans son carnet de commande, dans le but de s’occuper l’esprit comme il peut, de ne pas tomber, de ne pas s’endormir. Pour quoi passerait-il ? Parce que si son père a bien réussi quelque chose de sa vie, c’est à lui faire intégrer qu’il passe pour un incapable et un fainéant dès lors qu’il s’endort. Au final, il a bien réussi son entreprise, Wilfried a une très mauvaise estime de lui-même, d’autant plus qu’il ne comprend toujours pas pourquoi il a ces crises de sommeil soudaine. Et ses yeux piquent, ses paupières sont lourdes. Il est exténué. Il redresse tout de même son regard fatigué vers sa cliente.

- C’est à quel nom ? parvient-t-il tout de même à demander, d’une voix fatiguée. Et vous les voulez pour quand ?

Puis, avant même qu’il puisse capter la réponse, son regard se perd. Sur son carnet, ses mots se changent en traits. Ses pupilles se meuvent de droite à gauche comme s’il lisait ce qu’il avait écrit plus tôt, mais sans vraiment comprendre ce qui y est noté. “Voilà, c’est ouvert”, dit-il, mais ça n’a aucun sens, aucun rapport. Attitude bien étrange, de laquelle il n’aura aucun souvenir. Il en a déjà eu des échos mais c’est une période qui s’effacera de sa mémoire après son réveil, de même que les quelques minutes d’avant. Il oubliera probablement le son de la cloche, cette jeune femme, ses bottes fourrées mukluks, la proposition du café. Puis il se réveillera complètement perdu, dans sa tête il ne sera tout simplement pas sorti de son atelier. Tout sera à refaire. Enfin, pas vraiment, il restera ce qu’il a noté dans son carnet de commande, après tout c’est pour cette raison qu’il note tout. Si jamais il s’endort. Et qu’il oublie.

Puis il finit par s’écrouler sur sa table, le stylo droit sur son carnet de commande, un petit coussin apparaissant soudainement sous la tête avec un petit "pop !". Endormi. Soudainement. Sans autre forme de procès, si ce n’est ces mouvements étranges, sans aucun sens.
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Alasie
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Re: Rêve - Ft. Alasie
Sam 31 Aoû - 13:52
Le simple fait de savoir que l’homme en face d’elle connaissait le nom usuel de ses bottes mettait Alasie un peu plus à l’aise. S’il s’y connaissait et qu’il acceptait, c’était certainement qu’il était capable de s’occuper de ce genre de bottes. Pourtant, malgré le refus de la tasse de café proposée par Alasie, il avait toujours l’air aussi fatigué, si ce n’est plus. Elle haussa les épaules face à ce refus. Il devait savoir ce qu’il faisait, ou être habitué à la fatigue. Certaines personnes étaient comme ça, incapables de dormir comme il fallait, à faire des insomnies chaque nuit. Toujours pris dans son travail, l’homme posa quelques questions de routine à Alasie, qui y répondit distraitement tout en laissant son regard se balader sur le reste de l’échoppe.

Pour Alasie, s’il vous plait. Et si c’était possible de les avoir pour la fin de la semaine ce serait parfait !

Voilà, c’est ouvert. Ce... n’était pas la réponse attendue par Alasie. Qu’est-ce qui était ouvert ? Son regard autrefois distrait se reporta sur l’homme derrière le comptoir, dont la tête commençait à dodeliner. Non, décidemment, il ne semblait pas aller très bien. Ce qui devait arriver arriva et la tête du cordonnier tomba sur son carnet. Non, pas sur son carnet, sur un coussin qui se trouvait dessus. Coussin qui n’était pas là quelques secondes plus tôt.  

Si elle n’avait pas vu les signes avant-coureurs de cet évanouissement, Alasie aurait certainement commencé à paniquer. S’évanouir n’était jamais bon signe. Seulement, plutôt que prise de panique, elle fut prise de curiosité. Elle savait que c’était impoli mais elle ne pouvait pas s’empêcher de se demander ce qui empêchait généralement cet homme de dormir. Était-ce un cauchemar ? Pouvait-elle l’aider, comme elle avait aidé les enfants de l’orphelinat ces derniers temps ? Décidée à voir si c’était possible ou non, elle s’assit en tailleur, ferma les yeux, et scanna la pièce. Oui, il y avait bien un rêve dans cette pièce et ça ne pouvait être que celui du cordonnier.

Sans plus attendre, Alasie envoya son esprit dans sa direction. Une puissante lumière, l’obscurité totale, puis un paysage entièrement nouveau.  
Alasie
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Re: Rêve - Ft. Alasie
Sam 31 Aoû - 19:01

Le bruit de bottes résonne sur le sol.
Des pas lents, réguliers. Wilfried marche droit devant lui, les mains profondément enfoncées dans les poches de son manteau élimé. Il semble ailleurs, il ne fait pas gaffe à ce qu’il se passe, à l’endroit où il se trouve. Pourtant il finit par s’arrêter et redresser les yeux. Pour observer le paysage. Inexistant. Pas de paysage, juste du gris cendre autour de lui, ciel et terre se confondent. Il regarde ses mains, couleur identique, celle du bois à peine éteint après un incendie. Il frotte son bras et le dos de sa main, et même si quelques cendres s’envolent, la couleur ne s’efface pas pour autant. Il fronce les sourcils en frottant d’autant plus, sans comprendre. Mais malgré les cendres qui volent et qui forment un petit tas à ses pieds, ses mains restent désespéramment gris cendre, gris profond, presque noir. Puis il se rend compte que ce n’est pas que ses mains, mais bien toute sa peau qui a adopté cette couleur étrange. Il tire une mèche de ses cheveux devant ses yeux, remarque que son roux vif habituel a disparu, remplacé par un noir d’encre, un noir carbonisé. Et l’odeur de la chair brûlé le prend soudainement à la gorge, le goût sur les papilles. Il tousse, crache, s’étouffe.

Et le son d’une cloche.
Il arrête tout mouvement, écoute attentivement. Il regarde autour de lui, ne voit aucun temple, fronce les sourcils. Puis il reprend la marche. En direction de ce son de cloche qui ne s’arrête pas, qui n’en finit pas, qui tinte encore et encore, de plus en plus fort. Le bruit de ses bottes qui frappent le sol résonne également, mais finit par être étouffé par le tintement métallique. Puis il apparaît soudainement. Le temple d’où provient le son de cette cloche. Un temple médiéval, construit de briques jaunes et de tuiles aujourd’hui ravagées par le vert-de-gris. Ancienne église, assez massif. Marienkirche. Le temple de Dortmund, non loin de chez-lui. Une petite foule de personnes, entassées devant la porte. Wilfried s’approche, la cloche s’arrête, les murmures grondent. Il observe les gens, dont la peau blanche détonne dans ce paysage tout tinté de gris. Personne ne semble remarquer le nouveau venu, ils continuent de murmurer dans leur coin. Murmures incompréhensibles. Beaucoup d’hommes, quelques femmes, pas de visage. Leur tête n’est qu’un masque de chair sans orifice. Mais Wilfried n’y fait pas vraiment attention, il bouscule quelques personnes afin d’avancer, il veut aller voir ce temple, la porte en bois où il aperçoit une petite affiche placardée. Mais la foule l’en empêche, l’étouffe, l’écrase. Alors, lorsqu’il arrive enfin au niveau de la porte, il s’écroule presque dessus, trébuche. Et les lettres lui sautent au visage.

GENERALMOBILMACHUNG
Der 2. August 1914


Il saisit l’affichette de ses mains tremblantes.
Le temple disparaît aussitôt, la foule également. Il ne reste que lui, et cette affiche entre les doigts. Qu’il serre de plus en plus fort, les ongles enfoncés dans les paumes. Et il tremble d’autant plus, c’est ce qu’il redoutait depuis sa naissance, que tout éclate soudainement. Il lit le document en vitesse, entend ses oreilles siffler. Rien. Rien, rien qui pourrait lui permettre d’y réchapper. “Mobilisation générale de l’armée allemande, à la date du 2 août 1914, tous les hommes âgés de 17 à 45 ans sont appelés sous les drapeaux...” Il sent qu’il devient livide mais est-qu’on le voit sous la couche de suie qu’il ne peut retirer ? D’ailleurs, ses vêtements ont changé, il porte désormais son uniforme de soldat, lourd, bleu gris foncé et le casque rond de la fin de la Grande Guerre, parce que le casque à pointe a été rapidement abandonné. Il s’agit de l’uniforme qui traîne encore dans son armoire aujourd’hui, celui avec lequel il est arrivé sur Lux. Un fusil équipé d’une baïonnette dans une main, l’affiche toujours présente dans l’autre. Il relève enfin les yeux.

Et il la voit.
La jeune femme. Avec un visage. Elle semble tellement normale qu’elle détonne dans ce paysage toujours aussi uniforme, grisâtre. Alors il fronce les sourcils sans comprendre. Il s’approche d’elle, ses bottes résonnes toujours autant sur le sol, dans ce silence qui s’étale désormais. Une fois assez proche, il s’arrête, la fixe, penche la tête sur le côté.

- Qui es-tu ? lui demande-t-il.
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Alasie
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Re: Rêve - Ft. Alasie
Mar 3 Sep - 21:15
Lorsqu’Alasie sent de nouveau le sol sous ses pieds, elle se trouve à quelques mètres d’une foule dense. En face d’une église. Le reste du paysage est pour ainsi dire inexistant, laissant peu de doute à Alasie quant à l’emplacement du cordonnier. Il devait être quelque part dans cette foule. Devait-elle force le passage pour le retrouver ou bien devait-elle attendre qu’il en émerge, d’une manière ou d’une autre ? Alors qu’elle prit la décision de s’avancer pour pénétrer cette foule, tout disparut.

Les rêves préférés d’Alasie étaient ceux prenant place dans un monde entièrement construit, avec des évènements grandioses et, pourquoi pas, de la magie à un moment ou un autre. Ce paysage-là ne correspondait absolument pas à ce qu’elle considérait comme un rêve idéal. Ceci étant dit, elle n’avait pas prévu de faire du tourisme, simplement d’aider un homme qui semblait perturbé. Alors elle s’avança en direction de la seule chose qu’il restait dans ce paysage : un homme en uniforme de soldat, à la peau pâle et aux cheveux noirs. Il ne ressemblait pas exactement au cordonnier mais il n’y avait personne d’autre aux alentours, alors ça ne pouvait être que lui.

En s’avançant, elle remarque qu’il possède une arme dans une main. L’autre semble tenir un papier. Quoi qu’elle fasse, Alasie devait faire bien attention à ne pas fâcher cet homme. Elle ne savait pas de quoi il était capable et était bien incapable de se défendre face à un soldat de la première grande guerre. Elle avait reconnu l’uniforme et la dernière fois qu’elle avait pénétré dans un rêve en lien avec cette guerre, elle avait bien failli y rester. Pas cette fois-ci. Ainsi, quand l’homme commença à s’approcher d’elle, elle se figea, le laissant venir à elle. Faire le premier pas. Lui montrer qu’il est en contrôle. Qui es-tu ? Alasie regarde son propre corps d’un coup d’œil rapide. Elle a ses habits de voyage, ceux qu’elle portait dans la boutique quelques minutes plus tôt. Elle ne devait donc pas avoir fait assez grande impression pour marquer la mémoire de l’homme.

Disons que je suis une voyageuse. Une voyageuse qui sait deux-trois choses sur l’endroit dans lequel on se trouve. Je peux ?

Doucement, lentement, de manière à ne pas brusquer l’homme, elle lui prend l’affiche qu’il tenait dans les mains et la lit rapidement. Ah, la peur d’être enrôlé dans l’armée. Alasie ne l’a bien entendu jamais ressentie, pourtant, elle en a déjà été témoin dans de nombreux rêves qu’elle avait visité. Personne n’aimait être forcé à risquer sa vie. Alasie releva les yeux en direction du jeune homme qui se dressait toujours devant elle, seule silhouette dans un désert de cendres. Elle ne savait pas si cela marcherait mais il fallait qu’elle essaie.

Tu sais, la guerre est terminée. Tous les pays sont parvenus à s’entendre et à faire la paix. Tu n’as pas besoin d’y aller. Pas cette fois. Pourquoi ne pas essayer de fermer les yeux et de penser fort à un endroit où tu aimerais être, là tout de suite ? Qui sait, on pourrait peut-être y aller. Rien ne t’en empêche.

Les rêveurs ont bien souvent bien plus de contrôle sur ce qu’il se passe autour d’eux que ce dont ils ont conscience. Pour autant, la plupart des gens ne réagissaient pas très bien lorsqu’on leur disait que tout ce qu’ils vivaient n’était qu’un rêve. Alasie devait essayer d’apaiser le jeune homme sans pouvoir lui dire toute la vérité. L’avenir de ce rêve ne dépendait que de l’état d’esprit du cordonnier.
Alasie
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Re: Rêve - Ft. Alasie
Sam 7 Sep - 17:43

Visage fermé et regard froid.
Wilfried fixe la jeune femme, resserre ses doigts autour de son fusil, froisse le papier dans sa main. Et l’atmosphère devient de plus en plus sombre, de plus en plus lourde, une fine poussière vole autour d’eux. Il toussote, plisse ses yeux toujours fixés sur la jeune femme. Une voyageuse, dit-elle. Quelle sorte de voyageuse ? Qui viendrait ici ? En 1914 ? Elle dit savoir quelques petites choses sur l’endroit où ils sont mais c’est Dortmund, c’est sa ville. Comment peut-elle la connaître mieux que lui ? Puis il regarde autour de lui, remarque le paysage. Vide. Lui qui était persuadé d’être à Dortmund... Alors il se pose un question. Où sont-ils ? S’ils ne sont pas à Dortmund, où sont-ils ? Tout lui semble étrange, peu naturel, mais pourtant ça ne l’avait pas choqué plus tôt. Il regarde à nouveau la jeune femme, la question au bord des lèvres. Mais elle le devance.

- Je peux ? demande-t-elle en tendant la main vers l’affiche. Wilfried la lui tend.
- Tu n’es pas concernée, lui fait-il en même temps qu’elle saisit le papier. Tu es une femme.

Puis il regarde à nouveau autour de lui.
Comme débarrassé d’un poids. Mais il porte encore son uniforme, son vieil uniforme qu’il aimerait retirer et brûler, alors pourquoi l’a-t-il encore sur lui ? Pourquoi l’a-t-il encore sur lui, chez-lui, alors qu’il lui rappelle tous les jours qu’il n’est rien d’autre qu’un assassin, qu’un meurtrier qui a fauché la vie d’un gamin bien trop tôt ? Probablement pour cette raison. Pour se souvenir de ce môme. Et pour se souvenir que quoi qu’il fasse, sa place est en Enfer. A cette pensée, le visage du gamin apparaît derrière la jeune femme. Pâle et flottant, pas assez consistant pour être réel, comme s’il n’était qu’un souvenir. Et Wilfried a l’impression que ses yeux l’accuse, alors il frissonne et baisse le regard, terrifié et coupable. Au loin, les bruits des obus et des fusils commencent à se faire entendre, se rapprochent lentement. Il se retourne, voit la cendre se soulever à l’horizon, comme de petits panaches de fumée qui grignotent l’espace libre qui reste entre lui et la bataille. Il fait un pas en arrière pour s’éloigner, mais il bute dans la jeune femme. Il la regarde à nouveau, il l’avait presque oublié pour dire vrai.

- La guerre est terminée.

Vraiment ? se demande-t-il.
Alors pourquoi est-il obligé d’être ici, pourquoi doit-il porter cet uniforme, pourquoi les obus se rapprochent-ils lentement ? A ses yeux, ce n’est rien de plus qu’un mensonge. Mensonge honteux qui le fait s’accrocher à un espoir vain, comme celui qui disait qu’ils seraient tous rentrés à Noël.

- Pourquoi ne pas essayer de fermer les yeux et de penser fort à un endroit où tu aimerais être, là tout de suite ? lui demande la voyageuse. Qui sait, on pourrait peut-être y aller. Rien ne t’en empêche.
- N’importe où, répond Wilfried. Mais ailleurs.

Un obus explose à plusieurs dizaines de mètre d’eux, soulève de la cendre et de la poussière. Puis tout se calme soudainement, un silence de mort s’étale. Une vague odeur de fumée et de brûlé s’élève, celle de la poudre à canon et des corps carbonisés. Et au milieu de la poussière qui retombe, une fine silhouette beige se détache et devient plus nette. Une petite robe en lin cintrée au niveau de la taille, des manches longues et un col haut, un visage rempli de tâches de rousseur malgré une longue chevelure brune attachée rapidement, avec quelques mèches volantes, et des yeux noisettes, mélange de vert et de marron. Wilfried laisse son regarde parcourir ce corps qu’il connaît trop bien, où il sait que sous le tissu, les tâches de rousseur floconnent jusqu’à sa poitrine et le milieu de son dos. Et ses yeux glissent sur ce nez retroussé, sur ce petit sourire amusé. Des paroles sortent des lèvres de la nouvelle venue mais Wilfried ne les comprend pas pour la plupart. Après tout il n’a jamais parlé français, même si elle lui avait appris quelques mots. Elle avait l’air de s’en amuser et l’inverse était vrai également. Wilfried qui s’amusait à lui parler sans qu’elle ne comprenne. “Du bist hübsch.” Et elle ne comprenait pas. Wilfried en rigolait beaucoup.

La jeune femme s’approche, lui saisit la main.
Elle en caresse le dos, la fine couche de cendre qui le recouvrait alors s’efface sous ses doigts. Sa deuxième main lui retire son casque et passe rapidement dans ses cheveux, quelques mèches rousses ressortent aux endroits qu’elle a effleuré. Puis elle l’enlace soudainement. Wilfried ne réagit pas de suite, surpris qu’elle soit ici, dans ce paysage. Elle qui n’est pourtant jamais là. Mais il finit par lâcher son arme, qui tinte lorsqu’elle chute au sol. Et il l’enlace également, une main sur ses hanches et l’autre sur ses épaules, son visage qui se perd dans son cou. Il ferme les yeux, inspire son odeur. Elle lui manque terriblement. Voilà l’endroit où il voudrait être. Plus que tout au monde. Dans les bras de Marlène.

- Tu me manques, souffle-t-il dans son cou, la voix brisée. Tu me manques tellement...

Il renifle, vient lui caresser les cheveux d’une main.
Puis elle recommence à parler de sa voix douce et réconfortante, sans qu’il ne comprenne ce qu’elle dit. Mais sa voix l’apaise, il resserre son étreinte. Et reste dans cette position, sans rien faire, sans rien dire, sans bouger, à se perdre dans ses paroles. Le temps passe, dix minutes ou trente secondes, il ne saurait dire. Et peu à peu, sa peau et ses cheveux reprennent une couleur normale.

Puis il rouvre les yeux.
Réalise. La voyageuse est toujours là, il tourne le regard vers elle. Il se sent soudainement rougir, gêné, mal à l’aise, et terrifié. Terrifié de ce qu’elle pourrait croire, de ce qu’elle pourrait penser. Wilfried, dans sa tête, il n’est pas dans un rêve et pire que tout, il est de retour en arrière, quelque part entre 1914 et 1916. Alors un Allemand et une Française ensemble, comble du déshonneur et de la déloyauté, tant pour l’un que pour l’autre. Il fixe donc la voyageuse d’un regard effrayé, sent ses petits cheveux se dresser sur sa nuque. Que penseraient les gens s’ils apprenaient ? Que lui feraient-ils ? A Marlène ? Wilfried la resserre contre lui.

- S’il te plaît... demande-t-il à la voyageuse d’une voix suppliante. Ne le dis à personne.
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Alasie
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Re: Rêve - Ft. Alasie
Dim 15 Sep - 14:03
Le garçon pensa assez vite à un autre lieu, décidant visiblement d’écouter Alasie, ce qui fut immédiatement suivi d’une explosion à proximité. Par réflexe, Alasie se jeta au sol pour essayer d’éviter autant que possible les dégâts, fermant les yeux au passage. Comme si le fait de ne pas voir l’explosion arriver allait la rendre moins dangereuse. Lorsqu’elle les rouvrit avec la satisfaction de toujours être de ce monde, elle aperçut un endroit globalement similaire à l’ancien. Est-ce qu’il n’a pas pensé à un autre endroit, finalement ? Non, il y avait une différence. Une jeune fille.

Lentement, sans faire de bruit, Alasie se relève et enlève la poussière qui restait attachée à ses vêtements, tout en regardant les deux jeunes gens. Le cordonnier avait l’air bien moins malheureux, bien moins nerveux. Il devait donc tenir à la jeune fille. Alasie se sentait de trop dans ce tableau, et recula de quelques pas pour les laisser se parler, sans pourtant les lâcher du regard. La jeune fille était vraiment jolie, mais plus qu’une beauté extérieure, elle avait l’air radieuse. Son sourire, l’expression sur son visage et la manière qu’elle avait de regarde le garçon la rendaient bien plus belle qu’elle ne l’était à l’origine.

Pendant quelques temps, ils restèrent dans les bras l’un de l’autre et Alasie se félicitait d’avoir réussi à les réunir, indirectement. Ce n’était qu’une rencontre de quelques instants, mais c’étaient quelques instants de bonheur pour le cordonnier. Parfois, c’était tout ce qu’il fallait. Puis il rompit le contact en se retournant pour voir Alasie. Est-ce qu’il venait soudainement de se souvenir de sa présence. Souvent, les rêveurs avaient une mémoire très changeante, et il n’était pas rare qu’ils oublient Alasie pendant quelques instants, lorsqu’ils ne la regardaient pas. Seulement, cette fois, en la voyant, le garçon n’avait plus l’air apaisé. Il avait peur. Peur d’elle. Pourquoi ?

S’il te plaît... Ne le dis à personne. Dire quoi ? Quelque chose s’enclencha dans le cerveau d’Alasie. Une relation interdite. Elle se revoyait, bien des années plus tôt, sur terre. Elle aussi avait dû supplier quelqu’un, un jour. Elle ne savait plus qui. Elle savait juste qu’elle avait été surprise avec Alison et qu’il était hors de question que qui que ce soit d’autre ne l’apprenne. Elle savait donc dans quel état devait être le jeune homme. Alasie haussa les épaules tout en regardant de droite à gauche.

Je ne vois pas ce que je pourrais dire. Malheureusement je n’ai rien vu d’intéressant, j’étais trop occupée à enlever cette satanée poussière de mes vêtements !

Alasie ne put pas réellement contenir ce sourire en coin qui vint sur son visage. La situation n’était pas exactement amusante, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de sourire lorsqu’elle se trouvait en compagnie de personnes amoureuses, encore plus quand cet amour lui rappelait le sien. Une grande romantique, au fond.

D’ailleurs, je suis presque sûre qu’il me reste encore plein de poussière dans le dos. Ah, mince, ça va bien me prendre quelques dizaines de minutes si je veux pouvoir enlever tout ça !

Alasie ne jouait pas très bien la comédie, mais accompagna sa phrase d’un geste du menton en direction de la jeune fille que se trouvait derrière eux. Elle était toujours là, à attendre le retour de son amant. Alasie s’en voudrait si elle le privait d’un moment de réconfort et espérait qu’il accepterait de lui faire confiance. Et pourtant, dans sa situation, est-ce qu’elle se ferait confiance ? Ils ne se connaissaient pas.
Alasie
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Re: Rêve - Ft. Alasie
Dim 22 Sep - 10:49

La jeune femme regarde de droite à gauche, hausse les épaules.
Annonce qu’elle n’a rien remarqué. Wilfried fronce les sourcils, il ne comprend pas vraiment sa manière d’agir. Il est très premier degré, Wilfried, il lui faudra un petit moment avant de comprendre où elle veut en venir. En attendant, il la regarde juste gesticuler dans tous les sens sans vraiment de raison, lui annoncer qu’elle n’a rien vu alors qu’elle a clairement vu quelque chose, lui sourire sans qu’il n’en comprenne la teneur. Il libère Marlène de son étreinte mais garde tout de même sa main dans la sienne, il n’a pas envie qu’elle disparaisse sans raison, il n’a pas envie qu’elle s’en aille. Puis il se rapproche de la jeune femme, le visage fermé, froid. Et il s’apprête à la menacer afin qu’elle ne dise rien, pas un mot, jamais, à personne. Sinon c’est à Marlène qu’ils s’en prendront. Hors de question.

Puis il capte son regard.
Elle lui montre Marlène du coin de l’œil. Il fronce les sourcils, méfiant, mais se retourne tout de même. Puis il l’oublie. Il oublie la jeune femme derrière lui, revoit Marlène, sent sa main dans la sienne, lui sourit. A travers les paroles de Marlène, il entend vaguement son prénom, prononcé avec l’accent rugueux des français, au milieu d’un mélange de mots qu’il n’arrive pas à séparer les uns des autres. Son sourire s’étend, il se rapproche d’elle et l’enlace à nouveau, lui embrasse les cheveux, inspire son odeur. Et le paysage change, le gris cendre s’efface pour laisser place à un petit terrain d’herbe verte, avec une petite maison en bois. On entend vaguement un chien aboyer au loin mais il ne se montre pas. Les mains de Wilfried glissent sur le corps de Marlène, sur un ventre désormais arrondi de quelques mois tout au plus. Rêve d’une vie non pas vécue mais imaginée par Wilfried, celle où il n’aurait pas disparu sans laisser de trace, celle où il aurait survécu, où il serait revenu en France pour enlever Marlène et où ils seraient allés vivre au calme il ne sait où, dans un autre pays où ils n’auraient pas été jugés. Peut-être le Danemark ou les Etats-Unis ou le Canada. Où ils auraient enfin été au calme et où ils auraient pu vivre une vie de famille lambda, avec un mariage, un chien, une petite maison et un enfant.

Alors Wilfried ferme les yeux, profite.
Toujours sans savoir, toujours sans comprendre. Que tout ceci n’est qu’un rêve, qu’il devra se réveiller sous peu. Puis il y pense. Un court instant. Que c’est bien trop beau pour être réel, que ça ne semble pas logique. Il rouvre les yeux, son air de bienheureux s’efface. Et il se souvient. Marlène n’est plus là, l’herbe et la petit maison s’efface, le chien se tait au loin. Non. Ce n’est pas sa vie. Mais ça aurait pu l’être. Sa vie, c’est d’être bloqué en Enfer, loin de la femme qu’il aime, loin de cette vie idéalisée, rêvée. Alors que la vérité lui retombe dessus, le rêve disparaît autour de lui, englouti dans un voile noir.

Il se réveille à son comptoir.
Et tout lui revient soudainement. Sa vie. Maintenant. Bloqué depuis des années et des années dans un monde sans aucun sens, avec une vie monotone et un oiseau qui parle sans savoir ce qu’il dit. Et Marlène n’est pas là. Lorsqu’il se redresse, c’est un air amer qui prend place sur son visage. Il revoit la jeune femme, la voyageuse comme elle s’appelle elle-même. Il se demande ce qu’elle fait là mais il aperçoit des mukluks sur le comptoir et quelques notes les concernant dans son carnet de commandes. Sûrement les siennes. Et il serre les dents, la fixe avec un regard de feu, comme si c’était de sa faute à elle. Sans un mot, il saisit ses bottes et fait demi-tour, repart vers son atelier, une boule au fond de la gorge, dégoûté de la tournure minable qu’a pu prendre sa vie. Il pose les bottes dans un coin, sur un plan de travail, remarque qu’il travaillait sur un sac. Il ne s’en souvenait pas. Et ça aussi, ça l’emmerde, il n’a jamais su ce qui pouvait bien clocher chez-lui, pourquoi sa mémoire fait n’importe, pourquoi il s’endort sans raison.

Et une pensée qui le hante depuis des années et des années revient en force. Cette fois, il y cède. Calmement, bien trop calmement, il saisit l’un de ses tranchet et en pose la pointe dans le creux de son poignet. S’il y a bien un moyen de rejoindre Marlène, c’est bien celui-ci, n’est-ce pas ? songe-t-il avec amertume. Et il commence à appuyer.
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Alasie
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Re: Rêve - Ft. Alasie
Jeu 3 Oct - 16:55
Au réveil, Alasie aurait aimé pouvoir parler un peu avec le jeune homme. Pas nécessairement par rapport à son rêve, simplement parce qu'il avait l'air d'être une personne sympathique. Elle n'en fit rien. Le regard qu'il lui lança valait bien mille mots : il n'était pas ouvert à la conversation. Sans plus attendre, il se saisit des bottes d'Alasie et s'en alla dans sa remise. Est-ce qu'elle devait l'attendre ? Est-ce qu'elle devait partir, et revenir dans quelques jours pour voir s'il avait fini ?

Elle choisit la deuxième option en se remémorant le regard de l'homme. Il souhaitait très probablement être seul. Alasie ne comprenait pas. Après avoir bénéficié d'un moment de réconfort avec celle qu'il semblait aimer, il aurait dû se sentir apaisé, ou triste à la rigueur. Pourtant il avait plus l'air d'être en colère qu'autre chose. Dommage. Alasie ne pouvait pas réussir à tous les coups, après tout.

Elle sortit donc de la boutique après quelques minutes d'attente, en comprenant qu'il ne reviendrait pas tout de suite. La clochette tinta discrètement, mais Alasie n'y fit que très peu attention, toujours plongée dans ses pensées. Est-ce que toutes les personnes qu'elle visitait finissaient en colère contre elle ? Généralement, elle n'avait pas la chance de se retrouver face à eux à son réveil, se trouvant le plus souvent dans un autre bâtiment. Au final, elle n'avait aucune garantie que ses actions aient la moindre répercussion positive.
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