Lumière, elle était.

Arrachée à son pays et sa terre, la voici comme dans une utopie inespérée. Une plénitude étoilée, loin de tout ; loin de la noirceur de son monde, bien trop apocalyptique pour une fleur si fragile. Mais cela n'avait aucunement été facile, au début, croyez-moi. La jeune femme avait d'abord pensé rêver, tout simplement. Réalisant cependant qu'elle ne se réveillait pas, elle avait presque commencé à se dire qu'elle devenait folle ; que sa crainte profonde de l'humiliation et du rejet national l'avaient amenée à la pure démence. Comprenez-là ! Béatrice, si réaliste ; d'un claquement de doigts, transportée dans un univers parallèle. Plus étrange encore ! Sa couronne d'argent, au-dessus de sa tête. D'un gris fort triste. Entre ça, et les explications rocambolesques qui lui étaient fournies, il y avait de quoi en perdre la tête !

Alors, voilà où elle était : Lux, capitale des disparus ; des oubliés de la Terre-Mère. Ici résidait bon nombre de gens issus d'autres époques, antérieures à la sienne ; c'était . . . Pratique, sans doute, pour les assidus d'Histoire. Mais toujours quelque peu perturbant, l'écrivaine trouvait. Il n'était donc pas rare de croiser des personnes ayant plus de deux-cents ans !

Concentrons-nous de nouveau sur notre nouvelle habitante néanmoins, voulez-vous ? On lui parla pour sûr des Cercles ; des sortes de groupes, divisés en fonction des personnalités et autres passions. L'un de ceux-ci semblait à éviter à tout prix, par ailleurs . . . Mais passons. On lui proposa de rejoindre soit les Créatifs, soit les Droits. Pourquoi donc ces derniers ? Il devait sans doute y avoir une raison relativement rationnelle mais, sur le coup, elle ne l'avait point trouvée. Tout naturellement, elle opta pour la création ; ce qu'elle maîtrisait le plus, selon elle.

Une Lueur également lui avait été offerte ; ce qu'avec nos mots, on appellerait un pouvoir. Cela devenait de plus en plus tordu, cette histoire . . . Mais qu'est-ce que la Française pouvait y faire ? Il n'y avait aucun moyen apparent pour revenir chez elle. Quoique . . . Avait-elle réellement envie d'aller affronter sa dure réalité ?

Le choix avait été vite fait ; malgré un déboussolement évident quant à la mécanique de cet endroit.

Maintenant, les années avaient passées. Son apparence n'ayant point changée, elle restait la belle jeune femme qu'elle avait été à son impromptue arrivée, épousant tout juste la vingtaine. Ce n'était pas toujours facile, de vivre dans ces lieux, vraiment ; à croiser sans cesse la population. À se dire qu'eux tous, ont souhaité de tout leur cœur et de toute leur âme, disparaître. Ce n'était pas le plus joyeux des tableaux, loin de là.

« Les étoiles ont décidés de ton sort. »

Lueur, elle possédait.

Même les cieux, semblaient contre elle ! Amoureuse maudite qui extériorisait ses peines dans ses romans à l'eau de rose, cette ironie n'avait pas suffit ! Il avait fallut que l'on fasse don à Béatrice des yeux d'Éros : Apercevoir avec aisance les puissants sentiments que chacun ressentait. Elle était également dans la capacité de jouer quelque peu avec ; soit de tirer un peu plus haut le fil de leurs émotions ou, au contraire, les emmener dans le feu de l'Enfer – néanmoins, elle n'avait pas encore réalisé de tel miracle –. Oh, ce n’était que temporaire, vraiment ! Fort heureusement, par ailleurs.

Bouc-émissaire de Cupidon en devenait une ! N'était-ce pas là, la plus merveilleuse des farces ? Même Sirius, Véga et Rigel, trois des astres les plus brillantes, se mettaient à rire d'elle.

« Les étoiles ont décidés de ton sort. »