Arwel se promenait dans le quartier ancien après une longue journée de travail, il était impressionné par la quantité qu’il pouvait écrire en une journée alors qu’il avait eu tellement de mal à apprendre à écrire étant jeune. Il n’aurait jamais deviné qu’il aimerait autant la chose vu comment cela avait été mal partit depuis le départ, il aurait encore moins songé qu’il deviendrait un jour écrivain et qu’il réussisse. Ses réussites l’étonnaient toujours autant peu importe le temps qui passait, peut-être qu’un jour il s’y ferait, ou pas. Si ses désirs et ambitions littéraire avaient été remplis, ce n’était plus trop le cas de sa passion pour la mythologie grecque. Il était le seul auteur à écrire sur le sujet, et bien évidemment tout ce qu’il y avait de nouveau venait de lui et il n’avait plus accès à toutes les connaissances dans le domaine qui étaient disponibles sur Terre. Il y avait tant de chose qu’il ne savait pas et qu’il ne saurait jamais, il n’avait plus qu’à les inventer.
Toutefois il lui manquait un peu d’inspiration avec le manque de ressource sur Lux, il ne pouvait plus voir toutes les magnifiques peintures qui avaient été faites sur les Dieux, ni les statues de marbres et autres représentations auxquels ils avaient eut droit. Il n’avait plus ce plaisir visuel ni aucune stimulation qui lui donnait tant d’inspiration quand il était plus jeune. Mais que pouvait-il faire à ce sujet ?

Ce fut exactement à cet instant précis qu’il passa devant une forge et qu’une idée lui vint en tête. Les grecs faisaient des statues en bronze car la matière était bien plus facile à travailler que le marbre, peut-être qu’un forgeron serait la personne idéal pour cela ? Par curiosité il regarda ce que l’artisan avait mis en avant pour la vente et même si Arwel ne s’y connaissait pas il trouvait la marchandise très impressionnante. Mais même si le forgeron était doué, est-ce qu’il saurait refaire une statue de dieu sans aucun modèle ? Il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir.

«  Bonjour. Je suis très intéressé par ce que vous faites, serait-il possible de passer une commande ?  »

Arwel tu vas vraiment commander une statue ? Avec quel argent ? Et merde il avait oublié ce léger détail. Il n’avait aucune idée du prix qu’une statue pouvait bien coûter, ce n’était certainement pas le premier venue qui pouvait s’offrir ce genre de chose, est-ce qu’il allait avoir les moyens de se payer cela ? Tant pis, il verrait bien, c’était pour le bien de son génie et travail d’écrivain après tout ! Il en avait besoin pour continuer d’écrire et de créer ! Et puis… Peut-être pourrait-il faire passer cela pour une commande d’intérêt général ? Qui ne serait pas ravie de voir de sublime statues exposées en ville ! Arwel aurait très certainement aimé pouvoir avoir un aperçu de ce que cela faisait de se balader dans une ville de Grèce antique avec des statues à plusieurs endroits de la cité, cela devait être absolument époustouflant. Surtout pour ses yeux. Mais malheureusement tout ce qu’ils avaient ici c’était une statue de femme nue sur la place publique, rien qui ne soit à la hauteur de la grâce et la beauté des dieux grecs.

Codage par Libella sur Graphiorum

Le maître des lieux ressemblait à l’image que l’on se faisait d’un forgeron dans les temps anciens. Bien bâtit, grand, les bras qui faisaient au moins trois fois ceux d’Arwel (si ce n’était pas plus), une barbe courte et bien définit ainsi que des cheveux assez longs, ils ne l’étaient pas autant que ceux d’Arwel mais ils étaient bien plus longs que la plupart des hommes.
Le gallois se sentait directement intimidé en regardant un tel individu, il avait sans doute la force de l’écraser rien qu’avec ses bras sans qu’il ne puisse faire quoique ce soit contre lui. Il se sentait terriblement frêle et fragile à côté de cet homme qui ressemblait sans aucun doute au vrai homme viril qu’Arwel ne serait jamais. Il était donc à la fois source d’admiration mais aussi d’intimidation et semblait dire à l’écrivain que c’était à cela qu’un vrai homme devait ressembler et que lui, il n’atteindrait jamais cette perfection.

«  Arwel. Enchanté.  »

Le jeune homme était tendu et à la limite de la crispation, il fallait qu’il reprenne ses esprits malgré l’imposante présence du forgeron, il n’allait pas l’attaquer, il n’y avait pas à avoir peur !

«  Je euh… Oui si cela serait possible s’ilvousplaît. »

Le gallois avait l’impression de fondre sur place face au regard de l’homme, il ne dégageait pas d’intentions malveillantes (heureusement parce que sinon Arwel aurait été cloué sur place) mais il était tellement impressionnant que le jeune homme se sentait insignifiant face à lui. C’était peut-être cela le charisme que certains leaders pouvaient générer, Arwel sentait qu’il serait prêt à obéir à tout ce que lui dirait l’homme même si cela serait plus par intimidation que par réel motivation.

«  J’voudrais une statue… Mais je ne sais pas trop combien cela coûte donc euh désolé. »

Mais pourquoi est-ce qu’il s’excusait ? Allez Arwel, il faut te reprendre !

«  Alors ça serait juste pour des informations pour le moment, s’il vous plaît… ?  »

Lui qui faisait toujours en sorte d’essayer de paraître respectable il venait de perdre absolument toute crédibilité. Il devait ressembler à pauvre jeune homme timide qui n’ose pas s’imposer et dire ce qu’il pense…. Eh mais…. Bon d’accord, c’est exactement qui il est, mais d’habitude il arrive au moins à prétendre le contraire !

Codage par Libella sur Graphiorum

Les yeux d’Arwel faisaient des allez-retours entre le visage du forgeron, son tors nu et le reste de son corps. Il ne savait pas pourquoi l’homme était torse nu mais il n’allait certainement pas se plaindre de la vue, toutefois c’était son égo qui en prenait un gros coup. La musculature de l’homme était impressionnante, similaire à celle d’Hercule ou d’une statue du Lacocoon. Il se souvenait du temps qu’il passait à admirer des images de statues en marbre, dans un sens il était envieux, dans un autre il était terriblement attiré et dans encore un autre il appréciait les statues en tant qu’objet d’art. Cela avait été un rêve de gamin quand il avait enfin pu aller dans un musée où de telles statues étaient exposés, il aurait aimé ne jamais quitter ce lieu mais il avait dû s’en détacher avec la promesse d’y revenir le plus vite possible. Cela n’avait jamais pu se faire et maintenant il ne risquait plus de voir de telles œuvres d’art à nouveau. Tout ce qu’il lui restait était ses souvenirs.
Il regardait les muscles de Nott de la même manière avec un mélange d’attirance, d’attrait artistique et d’envie. Il ne pouvait s’empêcher de le détailler et plus il le regardait plus il était intimidé. Cet homme avait la carrure parfaite pour une statue.

Le gallois se détendit légèrement quand le forgeron lui dit qu’il était possible de lui donner des informations et il attendit la suite des paroles bien sagement. Il avait songé à ce qu’il pourrait faire pour donner un modèle au sculpteur, en tant qu’écrivain la meilleur chose qu’il puisse faire était une description la plus détaillé possible de ce qu’il voulait mais il ne savait pas si cela serait pratique ou non pour l’artiste. Maintenant qu’il l’avait vu il pouvait tout aussi bien lui demander de se servir de son corps comme modèle mais cela serait un petit peu embarrassant, non ? Enfin, cela le serait surtout pour Arwel à chaque fois qu’il regarderait la statue. Et puis peu importe à quel point la musculature de l’homme était impressionnante, il voulait une statue d’Apollon, et ce n’était pas de muscles dont il avait besoin.
Quand l’homme lui demanda de le suivre, le savant obtempéra sans un mot et bien qu’il ne savait pas trop à quoi s’attendre il ne put qu’être ravie lorsque l’homme dévoila un peu plus son torse.
Cela déstabilisa toutefois un peu plus Arwel.

«  Je… J’avais songé à faire une… Une description détaillée de ce que je voulais mais… Je ne sais pas si une description écrite vous irez ? Ou alors souhaitez-vous que je vous donne les détails et qu’ensuite vous dessiniez le tout ?  »

Le gallois n’avait aucune idée de la capacité du forgeron à dessinez et il ne savait pas ce qui serait le plus pratique pour lui. L’idéal aurait été d’avoir une photo mais malheureusement il n’en avait pas, il n’avait que ses souvenirs et ses connaissances sur les statues antiques à sa disposition.
Arwel continua d’écouter les explications du forgeron et manqua de s’étrangler avec sa salive en l’entendant dire qu’il n’était pas contre un paiement plus naturel. Son visage prit une belle teinte écarlate et l’homme essaya tant bien que mal de garder son calme, il ne faudrait pas qu’il fasse mauvaise impression ou que Nott le soupçonne d’avoir des pensées déplacés à son égard. Enfin ce n’était pas comme si le forgeron n’y était pour rien en lui faisant de telles propositions !

«  Je-Je vois. Je suis sûr que nous trouverons un… Arrangement.  »

Que faire si il lui proposait vraiment cela une fois la statue réalisée ? Non ! Il fallait pas penser à ce genre de chose ici et maintenant, il devait être en état de continuer la conversation sans que Nott ne se doute de rien ! Il pouvait repasser pour faire bonne impression, être intimidé et rougir n’allait certainement pas impressionné le forgeron, à moins que c’était ce qu’il aimait et c’est pour ça qu’il lui avait fait une telle proposition ? Stop ! Il devait garder la tête froide ! Il ne manquerait plus que le forgeron puisse lire dans ses pensées et la gêne serait totale.

Codage par Libella sur Graphiorum

Arwel essayait vainement de se calmer. Non mais comment voulez-vous quand vous avez en face de vous un type extrêmement bien foutu (peut-être un peu trop âgé pour lui mais qu’importe) qui était en plus torse nu et dont le corps ressemblait à celui d’un athlète digne des Jeux Olympiques ? La situation n’aidait clairement pas l’écrivain à retrouver son calme. Ses rougeurs ne voulaient pas disparaître et le gallois sentit qu’il allait devoir faire avec, tant pis, il n’avait qu’à finir son affaire rapidement et il pourrait partir d’ici. Mais… Avait-il vraiment envie de partir d’ici si vite que cela ? C’est vrai quoi… Ce n’est pas comme si il pouvait profiter d’une telle vue tous les jours… Un petit peu ne pouvait pas faire de mal, tant qu’il ne se trahissait pas, bien entendu.
L’écrivain se racla la gorge et fit une description aussi fidèle que possible à ce qu’il avait en tête. Ce qui était bien entendu une statue d’Apollon dont il avait mémorisé les moindres détails, fixer quelque chose aussi longtemps et souvent avait ce genre d’effet, d’autant plus quand on la regardait avec précision. Finalement c’était peut-être mieux que d’avoir mis tout cela par écrit, au moins là il était sûr que Nott avait tout et il pouvait le rectifier en fonction de ce qu’il dessinait. Savoir lire n’était pas essentiel pour le forgeron et l’écrivain comprenait parfaitement. Il n’aurait sûrement pas pu apprendre à lire si il n’était pas né à l’époque où il était né, on l’aurait pris pour un idiot et on l’aurait abandonné depuis longtemps. En fait, il n’était même pas sûr qu’il aurait eu accès à l’école si il était né plus tôt. Est-ce que cela aurait été une mauvaise chose ? Impossible à dire.

La discussion revint sur le payement, apparemment Nott était excité à l’idée de faire une statue et pourrait même lui faire une remise ! Arwel n’irait certainement pas cracher sur une réduction, il n’était après tout guère riche et vivait majoritairement avec l’argent que lui donnait son mécène. D’ailleurs… Que dirait-elle si elle savait qu’il venait de dépenser autant pour une statue ? Elle n’avait pas besoin de savoir…. Enfin, pas tout de suite en tout cas. Et puis si il pouvait payer le forgeron en nature, il n’aurait techniquement pas utilisé ses sous pour cela et il n’aurait rien à se reprocher. Un payement en nature était définitivement tout bénef pour lui sur tous les plans.
Quand Arwel eut fini sa description et que le croquis du forgeron convenait à ce qu’il avait en tête il attendit une réaction de ce dernier. Il espérait qu’il était toujours intéressé par la commande (qui ne voudrait pas faire une statue divine?) et que l’opération se passerait bien, il reviendrait autant de fois qu’il faudrait pour revoir le forgeron-euh pour voir l’avancement de la statue.

Codage par Libella sur Graphiorum

Remplir un papier en guise de paiement ? C’était réellement faisable ça ? Techniquement Arwel n’avait pas de soucis avec cette option, il en était capable (bien qu’il ne fallait pas s’attendre à de la qualité orthographique) mais il avait la sensation que c’était grandement abusé de la gentillesse du forgeron. Ou alors c’était le forgeron qui n’avait pas une très bonne idée du rapport-qualité prix pour une statue. Arwel non plus n’en savait rien mais il était sûr que cela ne couvrirait aucunement les frais de production et ne permettrait pas à l’homme de gagner une marge suffisante pour vivre. Peut-être aurait-il dû juste accepter sans rien dire, c’était lui qui s’en sortirait bien après tout, toutefois ce n’était pas son genre de faire ça et il ne pouvait accepter de telles conditions. Il avait beau être loin d’être parfait il n’était pas du genre à tromper les gens ainsi.

«  Je ne peux accepter de vous donnez si peu en retour ! J’aurais réellement l’impression de vous arnaquez si je faisais cela.  »

L’écrivain n’avait cependant rien d’autre à proposer alors il laissa le forgeron réfléchir à un échange plus équivalent. Bien sûr le paiement en nature était toujours une option dans la tête du jeune Savant, cela n’allait pas non plus rémunérer suffisamment le forgeron mais….. Sait-on jamais, cela pouvait ne pas se produire qu’une seule fois. Quelle sale image de lui il allait donner si il faisait cela. Est-ce que cela en vaudrait la peine ? Peut-être bien, quand on a jamais tenté une fois on ne peut pas savoir ce que l’on manque.
Le forgeron l’invita à revenir une semaine plus tard pour voir l’avancement de l’œuvre et le jeune homme songea durant cette semaine à ce qu’il pouvait proposer au forgeron pour le payer. Bien entendu le paiement en nature ne quitta pas son esprit bien qu’il ne comptait pas amener ça sur la table, il n’oserait jamais faire une chose pareille. Et c’était bien sûr pour cela que quand il revint une semaine plus tard il en parla.

«  J’ai réfléchi à comment je pourrais vous payer de manière plus juste et en plus de l’argent je pourrais peut-être vous rendre divers services ? Je ne sais pas de quoi vous avez besoin mais en dehors de vos papiers et lettres à rédiger je pourrais peut-être m’occuper de votre maison, effectuer des transactions de votre part ou bien vous tenir compagnie au lit si l’envie vous prend.  »

Bien évidemment la partie au lit n’était pas prévu. Son subconscient pouvait être un véritable traître. Avant de laisser place à la panique Arwel décida de faire comme si de rien était et donna quelques ajustements au forgeron après avoir vu le début de la statue. Avec un peu de chance il oublierait, avec un peu de chance il ne comprendrait pas, avec un peu de chance ils pourraient faire comme si Arwel n’avait rien dit. Avec de la malchance Arwel pourrait se faire botter le cul hors de la forge, avoir sa réputation ruiner et des individus aux trousses pour lui faire la peau et lui rendre la vie infernale. Les pensées d’Arwel ne faisaient jamais dans la demi-mesure. Et avec beaucoup de chance peut-être qu’il aurait un coup. Mais ça n’allait jamais arriver.

Codage par Libella sur Graphiorum