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Arwel devient impétueux
Arwel était à fond dans l’écriture de son roman policier. Il récoltait encore des informations quand il en avait besoin mais le roman avançait bien, il allait pouvoir le finir assez rapidement et le publier dans plusieurs mois. Un tout nouveau genre, il espérait que ses lecteurs apprécieraient. Mais après tout il y avait tellement peu de choix de lecture qu’ils ne pouvaient guère faire la fine bouche devant un roman policier. L’écrivain anticipait déjà ce qu’il pourrait écrire d’autre une fois ce livre achevé, un roman d’aventure peut-être ? Tant qu’à écrire des choses nouvelles il voulait explorer toutes les possibilités qui se présentaient devant lui. Et quel était le meilleur endroit pour récolter des idées et de l’inspiration ? La taverne bien sûr ! Sauf qu’il n’avait pas le droit d’y aller. Si seulement il pouvait se faufiler dans le QG de la Fougue, il était sûr de pouvoir y entendre des choses fascinantes et de trouver son bonheur pour écrire un nouveau livre. Peut-être devrait-il essayer de rentrer en douce… ? Si il se faisait passer pour l’un des leurs, ça pouvait marcher non ?
Plan absolument débile et téméraire mais Arwel comptait bien essayer. L’écriture était la seule chose qui le maintenait en vie et qui le mouvait, c’était ce qui comptait le plus pour lui, sans cela il n’était rien. Et sa soif d’écrire le poussait à faire même des idioties. Des choses irresponsables qu’il ne ferait pas en temps normal.

Le gallois essaya de prendre l’allure d’un voyageur, d’un idiot outrageusement courageux qui ne pensait pas au danger et qui même cherchait le danger pour satisfaire un désir personnel. Ce n’était pas compliqué, c’était exactement la situation dans laquelle il s’était mise en voulant essayer de s’infiltrer chez les Fougueux. Sa rationalité essayait de l’en empêcher, il allait avoir des ennuis, de GROS ennuis, il ne pouvait se permettre de se faire remarquer ainsi, il ferait mieux d’abandonner cette idée folle. Cependant comme à chaque fois qu’Arwel voulait faire preuve de couardise, son instinct le fit continuer. C’est ainsi qu’il se retrouva devant La Taverne et qu’il s’apprêtait à y entrer le plus naturellement du monde quand un individu qui faisait deux fois sa taille, et pesait sans doute aussi deux fois plus que lui, lui dit de rebrousser chemin. Arwel essaya de faire l’ignorant en disant qu’il ne voyait pas pourquoi, qu’il était un Fougueux comme les autres mais le type ne sembla pas le croire. Merde, il était tombé sur un qui avait un minimum de matière grise ! Le type regarda Arwel d’un air tellement effrayant que le gallois sentait la peur prendre le dessus. Il fallait qu’il fuit. Tout de suite. Avant qu’on ne lui règle son compte.

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Arwel
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Fougue
Cymru am bythft. ArwelQuand on cherche le bâton pour se faire battre... On le trouve.
C'est encore son casque sur la tête et sa lanterne à la main que le brave Alban rejoignait la taverne. Voilà trois jours qu'il était parti en exploration, il fallait bien rentrer au bercail à un moment donné. Des mousquetons faisaient cling cling à sa ceinture, crochets et autres cordes faisaient flop flop sur son épaule... Et un mélange de terre et de poussière maculait ses vêtements et ses joues rousselées.

Une vraie dégaine d'aventurier.

Sur le chemin du retour, il chantonnait et affichait un sourire satisfait. Sourire qui s'effaça bien vite lorsqu'il vit le grabuge prêt à exploser devant leur QG secret. Si le gamin aux longs cheveux ne lui disait absolument rien, il ne connaissait l'autre que trop bien. Un habitué du comptoir, pas très doué en diplomatie et aussi aimable qu'un bloc de granite. Si Alban détestait les conflits, il ne pouvait pas rester là sans rien faire.

Alors, il s'avança.

Zéro gramme de réflexion dans la cervelle de ce pauvre garçon.

« Heeeeeey ! Comment ça va ? »

Il se glissa près du grand gaillard, posant une main bien trop tactile sur son torse aux muscles d'acier et lui offrit l'un de ses sourires les plus radieux. Pour désarmorcer la situation, il misait absolument tout sur l'effet de surprise, l'insistance et son éternelle bonne humeur.

« Et si tu allais à l'intérieur boire un verre, mon pote ? Je te l'offre, prends ce que tu veux ! Mets le sur ma note, au nom d'Alban : A - B - L... Alban ! » Un rire un peu nerveux coupa sa phrase, puis il ajouta en désignant la crevette du pouce. « Moi, je vais m'occuper de ce jeune homme, d'accord ? Parfait ! »

Jeune homme qui devait avoir ton âge, Alban, mais bon, c'est un détail.

L'armoire à glace observa le gallois -le bavard, pas l'autre- d'un regard froid, pénétrant et Alban eut l'impression qu'il lisait en lui. Ou qu'il allait s'en prendre une. Mais non, heureusement, rien ne vint. Son compagnon du Cercle de la Fougue grogna pour exprimer son mécontentement, avant de tourner les talons. L'ancien mineur attendit que sa silhouette disparaisse dans la taverne pour soupirer de soulagement. Il avait réussit !

Dans un nouveau cliquetis de crochets et de d'autres babioles métalliques, il pivota ensuite vers le petit curieux.

« Tu as eu de la chance que je sois là, il aurait pu t'écraser la tête contre le mur ! lança-t-il d'un ton bien trop joyeux vu la gravité de la situation. Mon ami est quelque peu... Impulsif ? Il a du croire que tu voulais entrer à la Taverne ! »

Il ponctua sa phrase d'une tape amicale dans le dos de son compatriote et l'invita à faire quelques pas avec lui. C'est qu'à cause de sa jambe, il ne pouvait pas rester statique trop longtemps.
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Alban
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Encore un bel homme
Ses jambes refusaient de bouger et le gallois se préparait mentalement pour les coups qu’il allait recevoir. Non, pourquoi se laisser frapper ? Pourquoi est-ce qu’il n’essayait pas d’esquiver ? Il sentit tout son corps se tendre et se remplir d’adrénaline, cependant il ne sut jamais ce qu’il aurait fait si l’homme avait émit le moindre geste agressif à son encontre car un magnifique chevalier sur son cheval blanc vint le secourir. Un bel homme à la chevelure châtain et aux yeux d’émeraudes vint flirter avec le garde dont il fut instantanément envieux, pourquoi cette magnifique créature n’était pas venu le draguer, lui ? Arwel remarqua à peine que l’homme ne savait pas épeler son nom tant il était charmé par l’inconnu, en temps normal ce détail aurait pu l’intéresser mais pour le moment le gallois n’avait d’yeux que pour le bel Apollon en face de lui. Son cœur rata un battement en entendant cette voix suave dire qu’il allait s’occuper de lui, est-ce qu’Arwel allait avoir droit à bien plus que du flirt ?
Le Fougueux qui voulait refaire une tête au carré à Arwel rentra dans son QG en oubliant complètement le Savant, il était sauvé ! Mais une fois encore le jeune homme n’y prêtait pas attention, il avait même complètement oublié la raison de sa présence ici. Était-ce pour rencontrer ce brave aventurier ?

Les cheveux de l’inconnu volaient au vent et la manière dont il se tenait, dont il regardait le gallois dégageaient une impression de classe absolu. On aurait pu dire à Arwel que cet homme était une star de cinéma qu’il l’aurait cru sans aucune hésitation. Le visage rayonnant de bonheur et la joie que dégageait cet être était contagieux au point qu’Arwel lui rendit un sourire tout à fait charmant.

«  Bien sûr que je voulais rentrer dans la Taverne.  »

Attendez une minute. Non, ce n’était pas ce qu’il fallait dire ! Arwel, réveille-toi !

«  Enfin je veux dire, je ne cherchais pas à entrer dans le QG des Fouguex, juste dans la Taverne.  »

Tu t’enfonces là, Arwel. Est-ce que tu es sérieusement en train de dire à un Fougueux que tu voulais rentrer dans son repaire ?
La tape qu’il reçut dans le dos lui fit reprendre ses esprits.

«  Excusez-moi, je voulais bien entendu dire que je voulais rentrer dans une taverne, pas dans votre Taverne. J’ai dû me tromper d’endroit, j’ai tendance à rêvasser.  »

Est-ce que l’inconnu allait croire à ses paroles qui étaient de toute évidence suspicieuse ou alors est-ce qu’il allait lui aussi vouloir s’en prendre à l’écrivain qui devrait courir à toute jambe cette fois-ci ?  

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Arwel
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Cymru am bythft. ArwelQuand on cherche le bâton pour se faire battre... On le trouve.
Que ce soit le but ou non, les babillements de l'autre gallois retournèrent le petit cerveau d'Albanwr. Un coup il disait une chose, puis la fois suivante tout son contraire. Il voulait entrer dans la Taverne ? Mais sans entrer dans leur taverne ? Entrer dans le QG mais sans entrer dans la taverne ? Ou bien l'inverse ? A chaque nouvelle phrase, le Fougueux penchait sa tête sur le côté ou fronçait un peu les sourcils. Le brave homme aurait pu lui parler en chinois, il aurait tout aussi bien compris. Malgré tout, la dernière phrase sembla convaincre l'explorateur qui afficha alors un grand sourire.

« Ah ! Je comprends ! Ne t'en fait pas ! »

Pas du tout. Mais Alban était trop gentil pour se douter qu'il était en train de bavarder avec un possible espion. Trop bon, trop con.

Il eut un léger rire, donna une nouvelle tape dans le dos de son nouvel ami et poursuivit sa route. Tout deux s'avancèrent alors dans les ruelles sombres. Un vrai dédale de rues pavées, aussi sinistres et mal famées les unes que les autres. Alban tâchait de longer un mur de pierre, au cas où il aurait besoin d'un appui pour se reposer. Il semblait connaître les lieux par cœur et guidait l'autre gallois sans trop de difficulté. Une bonne centaine d'années à traîner dans le coin, ça aide.

« Je ne t'avais jamais vu ici, déclara-t-il soudain, pour faire la discussion. Si tu ne viens pas souvent, c'est normal que tu te sois perdu en cherchant ta taverne. Je vais te raccompagner chez toi ! »

Dans l'esprit fertile de l'écrivain, cela allait certainement sonner comme une invitation plus intime... Mais pas du tout. D'ailleurs, Alban était à des lieues de se douter des pensées admiratives de son compatriote. Il n'y avait rien de tendancieux dans ses gestes amicaux, rien de sous-entendu dans ses phrases ou ses sourires. Il était naïf et innocent, et c'était peut-être ça, la porte ouverte à une trop grande imagination.

Tout en avançant, l'ancien mineur prit quelques secondes pour détailler l'homme à côté de lui. Étrangement, tout semblait les séparer. De leurs tenues vestimentaires jusqu'à leur façon de se tenir. Mais, pourtant, l'autre ne lui sembla pas mauvais, ni dangereux. Seulement triste. Il dégageait cette tristesse d'un homme enfermé, rêvant d'une quelconque liberté qu'il avait souvent cru voir chez ses anciens camarades de la mine. Peut-être qu'il se trompait ? Alban n'était pas infaillible, ni même devin. Mais, dans le doute, il lui offrir un sourire. Comme pour le rassurer.

« T'es pas un Fougueux, toi, hein ? » Un petit rire ponctua sa question. C'était moche de ranger les gens dans une case, mais Alban ne pensait pas à mal avec ce genre de remarques. C'était un simple constat, il ne voulait pas blesser son interlocuteur... Il parlait simplement sans réfléchir, poussé par la curiosité. D'ailleurs, il poursuivit. « Ni même un Roublard, tu me semble plus posé qu'eux ! »

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Alban
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Récolter des informations
Heureusement pour lui l’individu en face de lui n’était pas très futé et sembla le croire sur parole. Finalement il s’en sortait plutôt bien dans sa malchance, et cela devrait sans doute lui servir de leçon pour qu’il ne tente plus de s’incruster dans un autre QG que le sien, cependant il était encore trop tôt pour dire qu’Arwel ne tenterait plus rien. Pour l’instant le gallois se ne préoccupait guère de cela, il n’avait d’yeux que pour le bel homme qui marchait à ses côtés et il le suivait sans faire attention le moindre du monde où ils allaient. Ce qui n’était pas très intelligent de sa part car si ils venaient à se séparer Arwel n’aurait pas la moindre idée d’où il se trouvait, il ne savait pas où il était et n’aurait aucun moyen de retrouver son chemin. Il errerait sans fin dans les ruelles sombres et avec sa chance il se ferait sûrement détrousser et embarqué dans des lieux louches, quoique… Si dans les les lieux louches il y avait des endroits pour les gens comme lui…. Finalement la malchance de l’écrivain semblait se transformer en chance quelle que soit la situation. Serait-il né sous une bonne étoile ? Ou est-ce qu’un quelconque être supérieur aurait pitié de lui ?

«  En effet je ne viens pas souvent en ces lieux, je m’en serais souvenu si j’avais croisé la route d’une beaut---- d’un aussi bon homme tel que vous.  »

Il allait finir par faire une bourde un de ses jours si il n’apprenait pas à mieux se contrôler en la présence d’hommes aussi attirant. Mais encore une fois ce n’était pas ce qui le préoccupait le plus en ce moment-même, l’homme voulait déjà le ramener chez lui ? Alors ça non ! Il se devait de remercier son sauveur comme il le fallait et aussi passer plus de temps avec pour faire plus ample connaissances. Savoir son nom serait déjà un bon début.

«  C’est très aimable de votre part mais permettez-moi de vous inviter à boire un coup pour vous remercier de votre aide. Enfin, si vous connaissez une taverne dans le coin où je suis le bienvenue.  »

Il ponctua sa phrase d’un petit rire et même si il riait à ce propos il avait vraiment eu la peur de sa vie un peu plus tôt. Il devenait trop téméraire. L’inconnu semblait étrangement doué pour comprendre les autres, il avait cru ses excuses ridicules mais il était capable de deviner d’un simple regard qu’Arwel n’était pas un Fougueux et qu’il était quelqu’un de posé. Peut-être était-il juste bon en observation mais qu’il était trop bon pour croire que les autres avaient de mauvaises intentions si ils ne le disaient pas clairement ? Quel homme adorable.

«  Je serais ravie de vous donner de plus amples informations sur ma personne si vous le désirez, monsieur…. ?  »  

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Cymru am bythft. ArwelQuand on cherche le bâton pour se faire battre... On le trouve.
Arwel avait de la chance -encore, tant et si bien que ces deux termes allaient finir par devenir synonymes- que le brave Albanwr ne remarque pas l'hésitation dans sa phrase. D'ailleurs, le gallois était à des années-lumières d'imaginer qu'il puisse attirer quelqu'un. Et encore moins un autre homme. C'est qu'il avait gardé une mentalité un peu vieillotte, malgré les décennies passées et dans son esprit, la seule liaison possible était celle d'un homme et d'une femme. Pas autre chose. Oui, son ignorance et sa naïveté pouvaient presque être perçues comme de l'intolérance, de nos jours.

Alors, au compliment de l'écrivain, le spéléologue répondit par un léger sourire. Un peu gêné, pas forcément habitué à recevoir de louanges. Surtout qu'il n'avait rien fait pour en mériter. Il avait agit simplement par bonté, par altruisme. Sur un coup de tête, aussi. Pas de quoi, c'est tout naturel, voilà ce qu'il aurait pu répliquer. Mais, pour une fois, il garda le silence.

Tandis qu'ils avançaient, le jeune homme continua de parler et il vint à faire une proposition qu'Alban ne pouvait refuser. Boire un coup. Le gallois releva un peu le casque qui lui glissait devant les yeux et tourna la tête vers son nouvel ami du jour. Souriant, il acquiesça d'un vif hochement de la tête.

« Bien sûr que je connais d'autres tavernes ! Suis moi, tu ne seras pas déçu ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait : le gallois changea de route, guidant une nouvelle fois son compatriote dans les ruelles sombres. Pourtant, au bout de quelques pas, Alban s'arrêta. Non pas parce qu'ils étaient arrivés à destination, mais bel et bien pour pivoter vers son interlocuteur et lui donner de quoi satisfaire un peu sa curiosité.

« Albanwr Thomas Davies ! déclara-t-il alors, lui tendant la main. Une main abîmée à force de creuser la terre, de tirer sur des cordes, mais une main chaude et amicale. Mais tu peux m'appeler Alban. Et pas de monsieur, s'il te plait, je ne suis pas si vieux que ça... Enfin, façon de parler ! »

Dans sa tête, il avait toujours vingt-quatre ans. Physiquement, il en avait toujours tout autant. Pourtant, la vérité était toute autre. Sur Lux, les apparences sont trompeuses.
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Alban
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Un gallois ?
Yes ! Il avait réussi son coup ! Ce n’était que le début mais si l’individu avait refusé les choses ne seraient sans doute pas allé plus loin, il aurait raccompagné Arwel dans un endroit qu’il connaissait et l’aurait laissé là. Cela aurait été bien triste, n’est-ce pas ? Mais heureusement ce scénario n’allait pas se réaliser. L’écrivain allait pouvoir faire connaissance avec ce gentil homme qui était venu à son secours et avec un peu de chance peut-être qu’il ne ferait pas tout foirer et que le beau jeune homme l’apprécierait !
Albanwr Thomas Davies. Il pouvait enfin mettre un nom sur ce merveilleux visage. Ce qui semblait sans doute imprononçable pour un non-gallois paraissait extrêmement familier pour le jeune homme, est-ce que son sauveur serait un des siens ? Enfin, cela faisait très longtemps qu’il ne vivait plus au Pays de Galles mais Arwel n’avait jamais oublié ses racines, comment aurait-il pu ? On n’oubliait pas aussi facilement que cela d’où l’on venait.
Le gallois serra avec ravissement la main de l’autre gallois et ne manqua pas de lui sourire.

«  Ravie de vous rencontrer, Alban. » Il n’allait certainement pas se priver d’être plus familier avec lui si il en avait l’autorisation. «  Je suis Arwel, est-ce que je me trompe en pensant que vous êtes vous aussi un gallois ?  »

L’écrivain suivait donc son compatriote à travers de nouvelles rues et de nouvelles allées, toutes plus malfamés les unes que les autres. Il était à la merci du jeune homme, si il voulait lui tendre un piège pour lui faire les poches il s’en sortirait certainement très bien, si il voulait abandonner Arwel il pouvait aussi le faire. Il pouvait faire exactement ce qu’il voulait de lui que le jeune écrivain ne pourrait rien y faire. Heureusement donc pour lui que son confrère gallois semblait être un homme tout ce qu’il y avait de plus honorable. Arwel n’y avait pas pensé tout de suite mais si ils se dirigeaient vers une taverne il allait sûrement devoir boire… Enfin, il n’était pas obligé, mais est-ce que cela ne ferait pas tache face au gallois ? Il voulait bien se faire voir après tout. Pourtant, il n’était pas certain qu’il avait très envie de renouveler l’expérience de l’alcool, si il prenait du thé, il n’allait pas passer pour un loser tout de même… ?   

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Arwel
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Cymru am bythft. ArwelQuand on cherche le bâton pour se faire battre... On le trouve.
Tandis qu'ils se serraient la main, un large sourire, rayonnant, éclaira soudain le visage de l'ancien mineur. Albanwr n'avait visiblement retenu qu'un seul mot. Et pas forcement le prénom de son interlocuteur.

Gallois. L'homme en face de lui était gallois.

« Toi aussi !? » répondit-il en écho à ce brave Arwel, alors qu'il glissait sa main libre dans le dos de son compatriote pour le gratifier d'une tape bien amicale. « Quel hasard ! »

Une fois la main de son camarade enfin libérée délivrée, il reprit sa marche. Sa vilaine jambe capricieuse le pressait à trouver un endroit où poser ses fesses. Et vite. Pourtant, la bonne humeur, une sorte l’allégresse indéfinissable gonflait son coeur de joie et chassait la douleur. Le meilleur anesthésiant au monde.

« Oui, oui, je suis gallois ! Je viens de Senghennydd, au Nord de Caerffili, dans le Glamorgan ! »

Avec beaucoup, beaucoup trop d'enthousiasme, il lista ces noms de lieu qu'il n'avait pas prononcé depuis des lustres. Certes, les connaissances géographiques d'Alban étaient un peu dépassées. Le Glamorgan, c'était vieillot comme nom de région, mais cela restait assez célèbre pour que l'écrivain situe sans trop de mal l'endroit... Voir l'époque. Antérieure à la sienne, clairement. Caerphilly n'était plus dans le Glamorgan depuis une bonne quarantaine d'années, à présent.

Quoi qu'il en soit, Alban et Arwel, fiers compatriotes gallois, passèrent enfin la porte d'une taverne. Mais pas celle de la Taverne. Ce serait gênant et ils n'auraient fait que tourner en rond, sinon.

L'endroit se trouvait être plus chaleureux que sa triste façade pouvait le laisser croire. Une petite ambiance un poil rustique, entretenue par une déco datant qu'il y a bien un demi-siècle. Mais, l'ancien mineur devait bien le reconnaître, ce bar n'arrivait pas à la cheville de sa taverne. Il n'y avait pas la même... Magie. Ce n'était pas son chez lui.

L'explorateur entraîna son nouvel ami près du comptoir, oubliant presque de saluer le barman tellement il était plongé dans la discussion.

« Et toi ? T'es d'où ? De quand ? » Il enchaînait les questions comme l'alcoolique au fond du bar enchaînait les verres. « Oh, si tu savais ! Je suis trop content ! »

Il se posa enfin sur le tabouret grinçant, soulageant enfin sa jambe douloureuse. Et sa voix. Mais rien ne chassait le sourire sur son visage.

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Alban
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Souvenirs d'un autre temps
L’homme avait l’air d’aimer donner des tapes dans le dos, c’était sans doute sa manière à lui de montrer sa joie et son affection pour quelqu’un. Peut-être devrait-il lui retourner la faveur ? Arwel n’était pas habitué à faire cela mais ce n’était pas la première personne qui lui donnait ce genre de tape amical alors peut-être qu’il devrait s’y mettre si c’était un truc de mec. Le beau brun était bel et bien un gallois et un qui débordait d’énergie, il lui faisait penser à un enfant franc et honnête de par son comportement et sa naïveté complétait le tableau. Il se sentait très chanceux d’avoir pu retrouvé un compatriote gallois en ces terres et il espérait s’entendre bien avec, c’était un peu comme de retrouver un frère après tout et Arwel ne voulait pas être en mauvais termes avec lui.
Il sourit au gallois tandis qu’il lui expliquait d’où il venait et l’écrivain essaya de replacer le lieu avec les connaissances géographiques lointaines qu’il avait de son pays. Caerffili était connu pour son fromage et n’était par contre plus dans le Glamorgan, Senghennydd lui disait quelque chose mais il n’arrivait plus à se souvenir quoi. Tant pis, cela lui reviendrait bien. Voir l’air tout excité du gallois en face de lui était tout ce qui importait pour le moment, Arwel sentait la même ferveur en lui et il mourrait d’envie de continuer cette conversation.

Ils venaient de passer la porte d’une taverne, qui devait sans doute être bien si Alban l’amenait ici, et l’écrivain préféra attendre d’être assis autour d’un verre pour répondre à son confrère. Celui-ci devait être trop impatient (ce qu’Arwel comprenait) car dès qu’ils furent au comptoir il reprit la parole en le questionnant. Arwel sourit de plus belle et répondit enfin pour satisfaire la curiosité d’Alban.

«  Je suis de Cardiff, je suis né en 1976 et j’ai rejoint Lux en 1997. Mon père était un très bon joueur de rugby et ma mère professeure à l’université de Cardiff où j’ai plus tard fait mes études. Ah, cela remonte à loin maintenant.  »

Ce n’était pas dans ses habitues d’en dire autant sur sa personne mais la personne qu’il avait en face de lui n’était pas n’importe qui, c’était un gallois ! Bien sûr il n’irait pas jusqu’à lui dire ses secrets les plus profonds mais parler de chose banales le concernant ne lui ferait aucun mal et il avait vraiment envie de se rapprocher du beau brun. Encore plus qu’avant maintenant qu’il savait l’homme gallois, il inspirait une douce familiarité qui attirait Arwel. Il avait rencontré beaucoup de gens sur Lux et malgré cela s’était toujours senti seul, bien entendu cela était de sa faute car il ne s’ouvrait à personne toutefois la différence de nationalité creusait tout de même un fossé entre lui et les autres malgré le fait qu’ils se comprennent. Ce n’était pas la même chose d’entendre quelqu’un lui parler gallois quand la personne n’était pas galloise et n’avait aucune connaissance de la langue ainsi que de la vie au Pays de Galles. C’était une fausse familiarité qui maintenait un mur. Avec Alban ce mur n’existait pas. Il pouvait être un gallois parlant à un autre gallois.

«  Le Pays de Galles a l’air d’avoir beaucoup changé depuis que je suis ici. Est-ce que tu savais que nous avions gagné de l’autonomie ? Je n’aurais jamais cru que les anglais fassent cela un jour. Mais c’est sûrement une façade, ils nous font croire qu’ils nous accordent plus de liberté pour mieux nous contrôler par derrière. Enfin j’en parle comme si j’y vivais encore mais cela n’a plus beaucoup d’importance ici.  »

Ceci attristait Arwel. Il avait aimé son pays et être en face d’un autre gallois lui faisait rappeler à quel point sa vie sur Terre lui avait manqué. Cependant il n’y avait aucun moyen d’y retourner alors y penser ne servirait à rien.

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Cymru am bythft. ArwelQuand on cherche le bâton pour se faire battre... On le trouve.Albanwr retira enfin son casque d'explorateur, le posa sur le côté. Il passa ensuite ses mains dans ses cheveux, ébouriffant les mèches rebelles qui avaient prit un mauvais pli. Impossible d'en faire quelque chose de correct, sa tignasse était indomptable. Il se sépara ensuite de ses mousquetons, de ses crochets et de ses cordes qu'il déposa tout près de son casque.

A présent bien installé et débarrassé de tout son attirail, le fougueux avait tout le loisir d'écouter Arwel. Et il se trouvait être beaucoup trop impatient d'en savoir plus sur l'autre gallois.

« 1997...?, répéta Albanwr dans un souffle, incrédule. Waouh...! »

Il n'était pas assez bon pour faire le calcul de tête et trouver l'âge de son interlocuteur ou encore le nombre d'années les séparant, mais il ne demanda pas non plus de l'aide. Les chiffres lui semblaient tellement immenses, c'était compliqué de se les figurer.

Alors, il le laissa continuer. Il buvait les paroles de son compatriote, encore et encore. Entendre que le pays de Galles -que leur nation !- gagnait en autonomie réchauffait le cœur du mineur et il savait que cela aurait plu davantage à son père. Il n'était plus gallois, cela faisait plus d'un siècle qu'il n'avait pas vu les vallées, mais une petite partie de lui s'y sentait encore rattachée. Au plus profond de son cœur. Et c'est ce même attachement à la nation galloise qui rapprochait les deux hommes, un peu comme des frères. Et cela lui plaisait.

Il acquiesça les paroles d'Arwel d'un hochement de la tête et, inconsciemment, il comprenait sa tristesse. Il la partageait.

« Le monde change si vite. Le pays de Galles que tu connais devait déjà être si différent du mien ! »

Un maigre sourire étira alors ses lèvres, mais c'est une lueur triste, un peu mélancolique qui brillait dans son regard. Il baissa même les yeux, suivant du bout du doigt les nervures du bois sur le comptoir.

« J'étais déjà ici avant que tu naisses. » Alban marqua une nouvelle pause, comme si cette fois-ci, il prenait la peine de chercher les bons mots avant de parler. « Je suis né ya quoi... 125 ? 130 ans ? Et je suis arrivé ici en 1913 quand... Il y a longtemps. »

Il n'y arrivait pas. A parler de lui, à parler de ça. Et puis il ne fallait pas embêter Arwel avec ses tristes histoires. Ils avaient chacun trouvé un camarade gallois, il fallait fêter ça et non s’apitoyer sur son sort ! Une chance, le serveur s'avança vers eux à ce moment précis et son éternelle question chassa les vilaines pensées d'Albanwr.

« Qu'est-ce que je vous sers ? »

L'ancien mineur opterait bien sûr pour un whisky -l'éternel whisky- mais invita l'écrivain à choisir le premier. Avec un nouveau sourire.
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Alban
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